1793 - 1993 — – UN AUTRE BICENTENAIRE

... tu dois tenir la garnison de Doué dans la plus grande activité. De forts détachemens doivent sortir journellement de la ville brûler aux environs les objets qui auraient été mal à propos conservés, ou dont le défaut d'enlèvement des grains et fourrages aurait fait retarder l'incendie... il ne faut pas se contenter de fouiller les villages et métairies il faut encore faire des fouilles scrupuleuses dans les bois et genets, te conformer enfin strictement à l'ordre général que j'ai donné à Doué avant mon entrée dans la Vendée.
Songe surtout que les prétendues autorités constituées sont nulles dans cet infâme pays; que tout doit s'y faire militairement et que c’est principalement sous ce rapport que tu dois presser l'enlèvement des subsistances. Cette partie a été extrêmement négligée jusqu'à présent par l'insouciance coupable des préposés du régisseur général et des gens des corps administratifs que je me propose de faire sévèrement punir.

Turreau, général en chef au général Carpentier, de Nantes le 21 février 1794.

Alors que les 12 Colonnes de Turreau entament leur «Promenade militaire», d’autres «soldats bleus» poursuivent à l’intérieur de la Vendée leur chasse aux «brigands».

Cette troupe, en garnison dans les villes principales (ou supposées telles), mène une action bien sûr inspirée par l’ordre général du 30 nivose an II (19 janvier 1794), mais dont la quotidienneté s’inspire plutôt de la rapine et du pillage que d’un plan concerté.

Il est dans ces conditions difficile de «suivre» la troupe, c’est pourquoi je vous propose de suivre les généraux qui la commandaient et dont l’action dans la Vendée n’a rien à envier (dans l’horreur) à celle des «marcheurs»

AMEY François Pierre Joseph

En janvier 1794 il commande la garnison de Mortagne sur Sèvre.

Le 21 janvier la municipalité des Herbiers le prévient d'un rassemblemnt à La Gaubretière.

Le 23 janvier, le procureur de Tiffauges fuyant sa commune envahie par les "brigands" se réfugie à Mortagne. Amey en avertit Turreau et signale en plus un rassemblement (qu'il estime à 3.000 personnes) entre Beaurepaire et La Gaubretière.

Il cantonne aux Herbiers le 24 janvier avec deux bataillons. Pendant une semaine il pille, incendie et tue dans les environs des Herbiers, du Petit Bourg des Herbiers et d'Ardelay.

Rapport de l'officier de police Gannet :

"Amey fait allumer les fours et lorsqu'ils sont bien chauffés, il y jette les femmes et les enfants. Nous lui avons fait des représentations ; il nous a répondu que c'était ainsi que la République voulait faire cuire son pain. D'abord on a condamné à ce genre de mort les femmes brigandes, et nous n'avons trop rien dit; mais aujourd'hui les cris de ces misérables ont tant diverti les soldats et Turreau qu'ils ont voulu continuer ces plaisirs. Les femelles de royalistes manquant , ils s'adressent aux épouses des vrais patriotes. Déjà, à notre connaissance, vingt-trois ont subi cet horrible supplice et elles n'étaient coupables que d'adorer la nation. La veuve Pacaud, dont le mari a été tué à Chatillon par les Brigands lors de la dernière bataille, s’est vue, avec ses 4 petits enfants jetée dans un four. Nous avons voulu interposer notre autorité, les soldats nous ont menacés du même sort........"

Le 25 janvier, il signale des "brigands" à Beaurepaire.

Le 28 janvier une de ses patrouilles essuie des coups de feu sur la route de Beaurepaire.

Le 30 janvier il signale des rassemblements à Bazoges en Paillers, La Gaubretière, dans les landes de Beaurepaire et dans le bois des Angenaudières.

Le 31 janvier, il est rejoint aux Herbiers par la colonne de Grignon partie le 21 de Bressuire.

Ce même 31 janvier, un régiment de hussards pénètre au chateau du Bois-Tissandeau en Ardelay
(ci-dessous : Etat actuel)

Photo - collection de l'auteur

Photo - collection de l'auteur

Ils y trouvent Mme de Hillerin (84 ans) et ses deux filles. Ils trainent par les cheveux la vénérable octogénaire sur les marches de l'escalier puis l'égorgent dans la cour. Ses filles qui tentent de fuir sont abattues à coup de pistolet.

Photo - collection de l'auteur

l’escalier conservé lors de la restauration

La plaque souvenir

Le 4 février, il quitte Les Herbiers pour Cholet.

"J'ai communiqué au Général Moulin ton ordre qui met ma brigade sous son commandement. Avant mon départ des Herbiers, j'ai fait mettre le feu à la ville, conformément à ton ordre; aucune maison n'a été épargnée. La municipalité a été obligée de me remettre la liste des habitants qui ont été avec les brigands et qui ont porté les armes contre nous; je les fit conduire en prison. Chemin faisant, ils se sont révoltés contre la garde qui a fait feu dessus ...."

Le 5 février, ayant remis sa brigade, à Cholet, sous les ordres de Moulin, il gagne Angers.

Le 6 février à son arrivée à Angers, il en inspecte la garnison ainsi que celle des Ponts de Cé et interdit les sorties en petites unités.

Le 13 février, selon les ordres reçus, il fait partir une colonne composée des "chasseurs de Cassel" pour Doué, et fera suivre les troupes qui lui arriveront.

Le 23 février, il reçoit du Général Robert le commandement de Saumur. Lorsqu'il y arrive, il y trouve Carpentier porteur du même ordre de Turreau.

Le 4 mars, des "brigands" ont attaqué les villages sur les bords du Layon. Il a envoyé une forte patrouille vers Beaulieu et Saint Lambert.

Le 11 mars, selon les ordres reçus, il fait partir pour Doué une partie de la garnison des Ponts de Cé.

Le 3 avril sur ordre de Boucret, il envoie 600 hommes à Vihiers en passant par Thouarcé et les rives du Layon.

Le 18 avril, sa colonne est attaquée et battue aux environs du chateau de Clisson en Boismé (propriété de Lescure) par les "brigands" de Marigny. Il évacue Boismé, Chanteloup et Bressuire et se réfugie à La Chataigneraie.

Après la destitution de Turreau, il reste en Vendée jusqu’en septembre 1794

Etat Civil

né le 2 octobre 1768 à Sélestat (Bas Rhin) (son acte de baptème est rédigé en latin)
       fils de François Pierre chirurgien major dans la Légion Helvétique (régiment de Waldner)
               et COLLIGNON Ursule
                     originaires du Canton de Fribourg (Suisse)
décédé le 16 novembre 1850 à Strasbourg (Bas Rhin)
marié le 20 germinal an VIII (10/4/1800) à Paris 5°
               (acte reconstitué à partir d'un acte de dépôt de pièces effectué chez Me Colin notaire à Paris le 26 germinal an 8)
              avec HANTZLER Anne Marguerite Elisabeth
                          née le 29 août 1761 à Argennie (?) (Palatinat Rhénan (?))
                                    (merci à celui qui me procurera la copie de cet acte)
                                   
fille de André
                                            et BOPLESIN Madelcon
                          décédée le 19 mars 1808 à Paris (acte non reconstitué)
remarié le 21 novembre 1810 à Strasbourg (Bas Rhin)
                 avec De POLENTZ Caroline Henriette Charlotte
                              née le 6 novembre 1781 (ou 1783) à Progen (Prusse)
                                         (merci à celui qui me procurera la copie de cet acte)
                                       
fille de Charles Auguste Guillaume
                                                 et De TROESCHKE Dorothée Barbe Frédérique Wilhelmine
                              divorcée le 8 mars 1803 de Jean Auguste De KANNACKER
                                                     par acte du Consistoire militaire du Régiment de Bruneck au service de la Prusse
                                                     (merci à celui qui me procurera la copie de cet acte)
                             
décédée le 17 mai 1857 à Strasbourg (Bas Rhin)

Il a eu deux enfants de son premier mariage : Michel Pierre Joseph né le 24 novembre 1797 à Deux Ponts (Duché Bavarois du Palatinat Rhénan) et Henriette Joséphine Elizabeth née le 24 prairial an 7 à Paris (reconnus par les parents lors de leur mariage))

Il semble ne pas avoir eu d’enfants de son second mariage

C’est un militaire de carrière issu d’une famille de militaires

Enfant de Troupe au Régiment Suisse de Waldner 15/3/1774
Cadet même régiment devenu Vigier 2/10/1712%
Sous Lieutenant même régiment 17/6/1788
Capitaine à la Légion du Rhin 10/10/1792
Adjudant Général Chef de Bataillon à l'Armée de l'Ouest 23/6/1793
Adjudant Général Chef de Brigade même armée (8 brumaire an 2) 25/10/1793
Général de Brigade même armée (8 frimaire an 2) 28/11/1793
Destitué par les Représentants du Peuple (29 thermidor an 2) 16/8/1794
Réintégré par le Comité de Salut Public (18 fructidor an 2) 4/8/1794
Suspendu (6 vendémiaire an 3) 27/9/1794
Réintégré (19 vendémiaire an 3) 10/10/1794
Réformé (30 fructidor an 3) 16/9/1795
Remis en activité (17 germinal an 8) 7/4/1800
Divers commandements dans la Grande Armée : Armée du Rhin
                                                                                     Helvétie
                                                                                      Camp volant d'Evreux
                                                                                     7° et 4° Corps
                                                                                      Armée de Catalogne
                                                                                      Corps d'observation de Hollande
                                                                                      Corps d'observation de l'Elbe
                                                                                      2° Corps en Russie
Général de Division 19/11/1812
Divers commandements dans la Grande Armée : 2° Corps en Russie
                                                                                      Corps d'observation sur le Weser
                                                                                     5° et 11° Corps
Fait prisonnier à Fere Champenoise 25/3/1814
Libéré 4/1814
Commandant dans la 21° D.M. 8/9/1814
Admis à la retraite 9/9/1815
Remis en activité de service 1/2/1831
Admis à la retraite 1/11/1833

Il est avec Turreau le plus titré des généraux ayant commandé en Vendée

Chevalier de la Légion d'Honneur le 20 frimaire an 12 (11/9/1803)
Grand Officier de la Légion d'Honneur le 14 juin 1804

Baron d'Empire le 11 juin 1810

Ses armes portent :

coupé

au premier parti,
à dextre d'argent à la tour de sable
donjonnée d'une tourelle du même
maçonnée du champ,
à senestre du baron tiré de l'armée
(de gueules à l’épée de pal d’argent);

au deuxième
d'azur aux trois têtes de léopard
d'or.

Blason

Chevalier de Saint Louis le 8 juin 1814

Son nom figure sur le côté Nord de l'Arc de Triomphe de l'Etoile

DUQUESNOY Florent Joseph

Il arrive à l'Armée de l'Ouest avec 10.000 hommes de l'Armée de Nord lors de l'attaque de Granville.

En janvier 1794, il est retenu à Lisieux par la maladie.

Le 1 février, il assure l'escorte de Turreau entre Cholet et Montaigu.

Le 3 février, il reprend le commandement de la division confiée jusque là à Bonnaire

12 jours à travers le bocage

Le 4 février, il sort de Montaigu, est à midi à Saint Fulgent, puis part pour Les Essarts où il arrive à 8 heures du soir et campe hors du bourg. En cours de route, il a eu soin de "fouiller tous les villages à droite et à gauche de la route à une demi lieue de distance".

Le 5 février, il continue sa route par La Ferrière (25 massacrés) et arrive à La Roche sur Yon où il retrouve Dufour

Le 8 février, de La Roche sur Yon, il va à Aizenay puis se porte à Palluau où il arrive durant la nuit.

Le 9 février, en s'éclairant beaucoup sur ses flancs,(incendies et massacres), il arrive à Legé où il ne peut demeurer "300 ou 400 cadavres dans le village et les environs empoisonnent l'air". Il campe sur la route de Nantes.

Le 10 février, arrivant de Legé, il rencontre le rassemblement de Charette à Pont James et le force à la retraite. Il poursuit sa route par Saint Colomban (incendie et 500 personnes massacrées)) et La Limouzinière (incendie et 200 personnes massacrées).

Registre des délibérations de la paroisse de Saint Colomban

Le 10 février 1794, les Républicains, après la bataille de Pont James, incendièrent le bourg de Saint Colomban, et masacrèrent près de 500 personnes. Un ruisseau de sang coulait à la porte de l’église. Toutes les archives de la paroisse furent consumées par l’incendie, il n’y eut que deux maisons et la cure qui échappèrent à la destruction entière du bourg.

Le 11 février, il fouille les environs de Saint Colomban. Turreau lui donne l'ordre de regagner Doué la Fontaine.

Le 15 février, il arrive à Doué. En 4 jours, il a parcouru 27 lieues (110 Km), tout brûlé et massacré 3.000 personnes. Turreau le renvoie combattre Charette. Il demande à Lusignan de venir avec lui.

Le 20 février, il revient de Doué à Cholet et sur ordre de Turreau part pour Mortagne où il arrive le soir.

Le 21 février, il part de Mortagne pour Saint Fulgent.

Le 22 février, il arrive à Saint Fulgent, il a mis 48 heures pour venir de Mortagne mais il a débusqué "l'ennemi posté en deux ou trois points différents principalement un poste qui était à la montagne dite des Alouettes". Entre Les Herbiers et Saint Fulgent, il égorge plus de 100 hommes non compris les femmes.

carte du périple de Duquesnoy

Carte réalisée à partir de celle figurant dans l’ouvrage de P. M. GABORIT et N. DELAHAYE : "Les 12 colonnes infernales de Turreau" Avec l’aimable autorisation des Editions "Pays et Terroirs" 65 place de Rougé 49300 Cholet (lettre du 19 février 1997)

Le 25 février, il quitte Saint Fulgent et gagne Saint Philbert de Bouaine. Il rejoint Cordellier et complète l'encerclement de Charette qui parvient à s'échapper.

Le 26 février, poursuivant Charette, il arrive à Montaigu.

Le 27 février, le Comité de Salut Public ayant décidé l'envoi de 5.000 hommes à l'Armée des Côtes de Brest, Turreau le désigne afin de "délivrer l'Armée de l'Ouest d'un général dont les faux principes, l'ambition et l'intrigue étaient si dangereux pour la Vendée".

Le 13 mai, après la destitution de Turreau, il est nommé par le Comité de Salut Public Commandant de la 1° division de l'Armée de l'Ouest avec son quartier général à Montaigu, il n'y viendra pas et sera suppléé par Huché.

Etat civil

né le 27 février 1761 à Bouvigny-Boyelles (Pas de Calais)
     fils de Jean Joseph Chrisostome fermier de marquesse
           et LUCAS Antoinette Françoise
décédé le 13 messidor an 9 (2/7/1801) à Aix Noulette (Pas de Calais)

Nota : c’est le plus simple état civil de ma collection !

C’est un militaire de carrière qui reprend du service à la révolution

Carabinier 10 /3/1712%
Congédié 10/3/1790
Capitaine du 4° bataillon du Pas de Calais 28/1/1792
Général de Brigade à l'Armée du Nord 30/7/1793
Général de Division même armée 3/9/1793
Général de Division à l'Armée de l'Ouest (7 frimaire an 2) 27/11/1793
Suspendu (25 floréal an 3) 14/5/1795
Admis à la solde de retraite (11 nivose an 4) 1/1/1796

HUCHE Jean Baptiste Joseph Antoine

En janvier 1794, il est attaché à l'état major de Turreau

Le 10 février, venant de Montaigu, il arrive trop tard pour secourir Moulin attaqué à Cholet. Avec Cordellier, il l'enterre "dans son costume de général, au pied de l'arbre de la liberté."

Le 15 février, il est nommé commandant de la place de Cholet.

Le 26 février, il part "en promenade contre l'ennemi avec quinze cents hommes bien disposées à se battre.". Il commence par incendier Mortagne sur Sèvre avant d'y bivouaquer.

Le 27 février, il arrive à La Verrie où incendies et massacres marquent son passage, mais il déplore de trouver que "peu de ces coquins là". Il se dirige ensuite vers La Gaubretière où sa colonne massacre au moins 500 personnes avec des raffinements de cruauté (voir ci-dessous). Il poursuit sa route vers Saint Malo du Bois qu'il incendie (la population s'est enfuie). Au passage il détruit Chambretaud. Après une escale à Saint Laurent sur Sèvre (déserté mais incendié), il regagne Cholet.

Le 3 mars, son second Lusignan quitte Cholet en fin d'après-midi et va bivouaquer à Nuaillé.

Le 4 mars, Lusignan marchant sur Vezins est attaqué par Stofflet et malgré le secours de Grignon reflue sur Cholet.

Le 6 mars, il repart de Cholet, passe par Vezins "nous tuâmes tout ce que nous y trouvâmes" il met en déroute un troupe vendéenne au Coudray Montbault et arrive enfin à Vihiers.

 

 

Le 24 mars, il est envoyé à Luçon pour prendre le commandement de la ville et de ses environs et "enlever les subsistances et fourrages ... incendier sans exception tous les bourgs, villages, fours et moulins ..."

Le 25 mars, il arrive à Luçon où il remplace le général Bard dans une zone totalement acquise aux idées révolutionnaires et où il n’existe aucune «contre-révolution».

Le 28 mars, il entreprend la visite du "pays incendié" en commençant par Mareuil sur Lay et les Quatre Chemins.

L'activité de Huché

Le 29 mars, il poursuit sa visite par La Claye et soupe à Mareuil où il donne ses dernières instructions à son second Goy-Martinière.

Le 30 mars, il ordonne à tous ses chefs de colonne d'arrêter les incendies. Goy-Martinière quitte Mareuil, passe par Bellenoue (incendie et 80 personnes massacrées) et arrive à Château-Guibert.

Le 31 mars, il termine la visite de ses postes tandis que Goy-Martinière incendie Château-Guibert.

Le 1 avril, Goy-Martinière revient à Mareuil, il a "parcouru 18 endroits" semant l'incendie et la mort.

Le 6 avril, sous la pression du tollé qu'a provoqué l'expédition de Goy-Martinière (dans une zone totalement républicaine), il est contraint de le mettre aux arrêts.

Le 9 avril, il est arrêté par le Comité de surveillance et révolutionnaire de Luçon. Il est envoyé sous escorte à Rochefort où il est mis à la disposition de l'accusateur public.

Le 11 avril, traduit devant la Comission de Fontenay, Goy-Martinière est condamné à mort et immédiatement fusillé.

Le 16 avril, furieux de son arrestation, les représentants Hentz et Francastel dissolvent la société populaire de Fontenay

Le 17 avril, Hentz et Francastel, pour le même motif mettent "l'infâme Luçon" en état de siège

Le 18 avril, il est remplacé provisoirement au commandement de Luçon par l'Adjudant Général Cortez.

Le 16 juin blanchi à Paris des accusations portées contre lui à Luçon il reçoit de Vimeux le commandement de la 1° division de l'Armée de l'Ouest refusée par Duquesnoy avec son quartier général à Montaigu.(voir ci-dessous un modèle de son activité à cette époque)

Le 9 vendémiaire an 3 (30/9/1794) un décret de la Convention le met en état d'arrestation.

Etat Civil

né le 17 janvier 1749 à Bernay (Eure)
      fils de Jean Etienne sergent
            et DURAND Marie Marguerite
décédé le 21 germinal an XIII (8/4/1805) à Bernay (Eure)
marié le 26 brumaire an X (17/11/1801) à Bernay (Eure)
           avec SAVARY Anne
                    née le 25 janvier 1775 à Bernay (Eure)
                            fille de Marin
                                   et MOUSSEL Marguerite
                    décédée le 20 octobre 1855 à Bernay (Eure)

C’est un militaire de carrière qui reprend du service à la révolution

Soldat au Régiment de Flandre 5/12/1768
Congédié 5/12/1776
Soldat au Régiment de Vexin 22/6/1778
Instructeur au Régiment des Cévennes
Congédié 22/6/1790
Capitaine du camp de Soissons 15/9/1792
Commandant la réserve du camp de Soissons 9/1792
Adjudant Général, Chef de Brigade pour la Vendée 9/1793
Général de Brigade à l'Armée de l'Ouest (8 frimaire an 2) 28/11/1793
Général de Division même armée (20 germinal an 2) 9/4/1794
Destitué (17 thermidor an 2) 4/8/1794
Réintégré (10 brumaire an 3) 31/10/1795
Commandant la côte des Pyrénées Orientales
Mis en jugement pour avoir violé la Constitution
(visites domiciliaires avec une force armée) (25 messidor an 4) 13/7/1796
Acquitté par le Conseil Militaire de Grenoble (21 fructidor an 4) 7/9/1796
(Si quelqu’un peut me procurer la copie de ce jugement, j’en serai ravi)
Admis au traitement de réforme (19 brumaire an 5) 9/11/1796
Destitué (19 ventose an 5) 9/3/1797
Admis au traitement de réforme (12 floréal an 8) 2/5/1800

L’affaire de La Gaubretière ou "Le Grand Massacre"

La Gaubretière est la paroisse où vivaient à l’époque et depuis le milieu du XVIIe siècle les ancêtres de l’auteur

vue par Huché et Turreau (S.H.A.T. : Correspondance Armée de l’Ouest)

Le compte rendu du subordonné au supérieur

de Chollet le 10 ventose an 2 (28/2/1794)

Le Général Huché

au Général en Chef

Je te rends compte, mon cher général, de la sortie que j'ai faite hier contre les brigands que j'ai trouvé sur les huit heures à La Gaubretière. Je les ai égayés de la bonne manière; ils étaient en trop petit nombre pour en faire un grand carnage. Plus de cinq cents, tant hommes que femmes, ont été tués. Leur cavalerie, avant de rien engager, a pris la fuite et nous l'avons aperçue dans le lointain. Cette canaille a été assez audacieuse que de nous provoquer par des défis, des huées et des injures. On s'est fusillé très peu et quarante de ces scélérats sont tombés. La troupe avait été mise, avant son arrivée, sur deux colonnes. Celle que je commandais marchait dans un chemin couvert; à son aspect les brigands se sont mis dans une déroute complète. J'ai fait fureter les genêts, les fossés, les haies et les bois, et c'est là qu'on les trouvait blottis. Tout a passé par le fer, car j'avais défendu que, les trouvant ainsi, on consommât ses munitions.

Les fouilles faites des repaires, j'ai fait marquer les lieux où il y avait des grains, je les ai réservés et ai fait incendier de suite le reste.

J'oubliais de te dire qu'à mon arrivée à La Vérrie, j'ai fait passer au fil de la baïonnette tout ce que j'y ai trouvé, à la réserve des enfants, et que j'ai incendié ce qui était échappé aux flammes; là il y avait peu de ces coquins-là.

Mon expédition faite à La Gaubretière, je me suis dirigé sur Saint Malo; un petit bourg sur la route a été incendié.

A Saint Malo, il n'y avait rien, pas une âme, j'ai ordonné le feu. Je me suis porté ensuite sur Saint Laurent où nous n'avons rien trouvé; les brigands étaient partis la veille. Tes ordres demandaient ma présence à Chollet, et j'y suis revenu.............

Les félicitaions et encouragements du supérieur au subordopnné

de Nantes le 11 ventose an 2 (1/3/1794)

Turreau, Général en Chef de l'Armée de l'Ouest

au citoyen Huché Général de Brigade

Courage, mon cher camarade, et bientôt les environs de Chollet seront nettoyés de rebelles. Si chaque officier général ou supérieur ne les tuait, comme toi, que par centaines, on en aurait bientôt trouvé la fin... Je transmets sur le champ au ministre de la guerre la nouvelle du succès dû à ton extrême activité.............

Le compte rendu du militaire à son autorité de tutelle

de Nantes le 12 ventose an 2 (2/3/1794)à

Turreau, Général en Chef de l'Armée de l'Ouest

au Ministre de la Guerre

Le Général de Brigade Huché, qui commande à Chollet une forte garnison, avait reçu l'ordre de moi de dissiper tous les rassemblements qui pourraient se former aux environs. Instruit qu'il y avait sept à huit cents brigands à La Gaubretière qui inquiétaient Mortagne, Huché part de Chollet avec un fort détachement, et, par une marche nocturne et rapide, surprend les ennemis. Cinq cents ont été taillés en pièces, parmi lesquels un grand nombre de femmes, car les femmes s'en mêlent plus que jamais. Cette affaire a eu lieu le 27 février et ce rassemblement est entièrement dissipé; mais il s'en forme de nouveaux journellement, et je ne puis ni ne dois te dissimuler que je n'ai pas assez de forces pour empêcher une trouée ........

L’appropriation devant le pouvoir politique de ce qui ne peut être qu’une action d’éclat

de Nantes le 12 ventose an 2 (2/3/1794)à

Turreau, Général en Chef de l'Armée de l'Ouest

au Comité de Salut Public

Encore un victoire remportée sur les rebelles ! Le Général Huché, commandant les troupes stationnées à Chollet, s'étant, par mes ordres, porté à La Gaubretière, a fait mordre la poussières à cinq cents scélérats. La cavalerie qui les accompagnait a pris la fuite avant l'action. La fusillade a duré peu de temps, et l'arme blanche, si chérie des Français, a fait besogne.............

La modestie du «vainqueur»

de (lieu inconnu) le (date inconnue)

le Général Huché

au Général en Chef de l'Armée de l'Ouest

.................. Tu n'aurais pas dû parler de moi au Ministre, l'affaire de La Gaubretière n'en valait pas la peine ..................

Et vu de très loin (Archives Nationales W22 - Extrait)

Au citoyen Huché, Général de Brigade,

Commandant les troupes estationé à Cholet,

départemant de la si devant vendée

de St Cantin le 4 ventose l’an deuxième de la République

Mon chere amis

J’ai vu avec grand plaisire dan la feuille publique, que tu avez fait mordre la poussiere a 500 cent brigand dan une sorti que tu ast faite avec les troupes estationné a cholet. Sanemapas surpris car je conais ton courage et ton zel pour la de fense de la République. Set toujour avec un nouvaux plaisire que je prendrais de tes nouvelle

Salut et fraternité

ton ami Guibert

Guilbert dan le 10me bataillon des fédérés

stationné à St Cantin

départemant de l’aine

Trajet des massacreurs

Carte réalisée à partir de celle figurant dans l’ouvrage de P. M. GABORIT et N. DELAHAYE : "Les 12 colonnes infernales de Turreau" Avec l’aimable autorisation des Editions "Pays et Terroirs" 65 place de Rougé 49300 Cholet (lettre du 19 février 1997)

Vu par un témoin gaubretiérois Pierre Rangeard qui avait 19 ans à l’époque (Chroniques paroissiales du Diocèse de Luçon)

Notre infortunée paroisse, déjà si cruellement éprouvée, commençait à respirer, lorsque le 27 février 1794 vint mettre le comble à ses désastres. Dès le matin, des colonnes parties de Nantes, de Cholet, de Mortagne et de Montaigu la cernèrent de toutes parts. Ils étaient, peut-être 10.000, n'ayant pour mot d'ordre que la mort et l'incendie. Ils n'exécutèrent que trop leur implacable consigne. Le fer n'épargna rien de ce qu'il pu atteindre et le feu consuma tout.

Plus de 500 personnes furent tuées !... Voici les plus marquant :

- Mme Le Brault de la Touche chez laquelle l'état-major vendéen tenait ses réunions; c'était une ange de piété; on lui trancha le tête que l'on jeta dans un bassin plein d'eau. Son corps fut lancé au milieu des flammes avec ceux de ses quatre domestiques qui ne voulurent pas l'abandonner et partagèrent son sort;

- M. Morinière, sa femme, deux domestiques et une de mes tantes furent traités avec la dernière barbarie. Sur leur refus constant de crier "Vive la République", ils eurent la langue arrachée, les yeux crevés et les oreilles coupées avant de recevoir le coup de la mort;

-- M. de la Boucherie, sa femme, et Mlle de la Blouère, sa soeur, furent suspendus par le menton à des crampons de fer, au milieu de leur cuisine, et consumés dans cet état par l'incendie qui réduisit leur maison en cendre;

-- Quatre MM. de Rangot avaient quitté l'armée au passage de la Loire; ils furent massacrés dans un champ de la ferme appelée le Gros Bois;

--M. le chevalier de Boisy, frère du comte fusillé à Noirmoutier, succomba sous les coups des assassins auprès du village de la Ripaudière;

-- Deux hommes pris dans le jardin de M. Forestier, périrent par le sauvage supplice du pal, au lieu même de leur arrestation.

Le coeur saigne encore à la pensée de tant d'horreurs.

J'avais eu le bonheur de m'enfuir avec ma vieille mère dans la commune de Beaurepaire qui n'éprouva rien de semblable. On n'en voulait qu'à la Gaubretière, pour le moment. Du lieu de notre retraite qui n'était pas éloignée, nous entendions les cris des mourants mêlés aux affreuses clameurs des soldats. D'épais tourbillons de flammes obscurcissaient le ciel sur une vaste étendue.

Le lendemain au soir, un profond silence avait succédé aux bruits tumultueux. Nous nous hasardames, le nommé Fumoleau et moi, à visiter notre malheureux bourg. Ce n'était plus qu'un monceau de cendres d'où s'échappait encore une chaleur brûlante dont l'air était tout embrasé. Tout ce qu'il y avait de combustible à l'église était devenu la proie des flammes, la toiture, une chaire magnifique, des boiseries remarquables, les bancs, les autels. Mais le monument protégé par les belles voûtes en pierres était seul resté debout au milieu de cette ruine universelle, comme un signe d'espérance et un témoignage frappant de l'indestructible existence de l'Eglise de Dieu. Qui pourrait dépeindre tout ce que j’éprouvais à ce spectacle. Mais ce qui navrait le coeur, c'était la vue de ces cadavres dont la terre était couverte. Les uns commençaient à se décomposer; les autres étaient dévorés par les chiens; les corbeaux s'abattaient par nuées, cherchant une pâture dans ces tristes restes que nous étions impuissants à défendre contre ces révoltants outrages. Cependant, plusieurs personnes étant venues nous rejoindre, nous pûmes rendre les derniers devoirs aux cadavres que nous rencontrions sur les chemins voisins et dans les rues. Mais combien d'autres dont les ossements blanchis par le temps ont jonché pendant plusieurs années ces champs de désolations.

Extraits du livre de M. Paul Legrand sur La Gaubretière (Editions Hérault))

 

Dès l'arrivée des Bleus, les habitants, selon leur coutume, s'étaient enfuis dans les bois; mais cette fois les Républicains étaient en nombre et, sans craindre une attaque des brigands, ils parcoururent en tous sens le réseau inextricable de fourrés et de genets qui entouraient la paroisse, massacrant et brûlant avec une épouvantable férocité.

Dans les bois du Drillais plus de 300 femmes, poursuivies et traquées comme des bêtes fauves, furent éventrées.

Le Drillais

Le monument du Drillais

A la Fauconnière, dans les grands bois qui entouraient l'étang, tout un groupe de femmes, de vieillards et d'enfants furent égorgés, surpris alors qu'ils priaient dans la forêt.

Les gorges sauvages qui courent parallèlement à la vallée de la Crume, et où les habitants s'étaient réfugiés en grand nombre, devinrent le théâtre d'épouvantables boucheries; dans l'une d'elles, les victimes furent si nombreuses, les cris que leur arrachait la douleur si épouvantables, que ce site lugubre a toujours conservé depuis le nom sinistre de "Vallée des Royards" (royer, en patois, signifie hurler de douleur).

Dans un autre champ qui porte encore Ie nom de "Champ des Oreilles", les bandits massacrèrent une cinquantaine de Gaubretiérois et, par un raffinement de cruauté, leur arrachèrent les oreilles dont ils se firent de hideux trophées. Ce n'est pas là d'ailleurs le seul exemple de cette monstrueuse mutilation et l'on peut voir, dans nombre d'historiens bleus et blancs, de pareils récits de bestiale cruauté.

Dans cette véritable chasse à l'homme, comme d'ailleurs dans toutes leurs expéditions autour de Mortagne, les Républicains étaient aidés de grands chiens qu'ils avaient dressés à découvrir les Vendéens cachés dans les fourrés impénétrables et qui parfois les déchiraient avant que le fer de leurs maîtres les aient atteints. Cette nouvelle cruauté servit d'ailleurs plusieurs fois à sauver la vie aux malheureux fugitifs, car le bruit des grelots que ces chiens portaient à leur collier était un indice certain de l'approche d’une colonne républicaine.

Marie Lourdais (n.d.l.r.: Marie Lourdais, d’origine bretonne était épicière à La Gaubretière. Sa vie durant la grand’guerre peut se résume en 3 mots : sauver les prêtres, soigner les blessés et porter les messages) nous trace un tableau presque aussi désolé, et passant à La Gaubretière le 20 mai 1794, c'est-à-dire trois mois après le massacre, elle nous décrit ainsi l'aspect du bourg.

... Je revins à La Gaubretière, tout était brûlé... La désolation était toujours grande. Cette malheureuse Gaubretière semblait un désert; des milliers de corbeaux s'abattaient sur les endroits où des quantités de corps à peine couverts de terre étaient enterrés; il ne faisait pas bon s‘y promener, I'air était empoisonné !

... Aucune maison de La Gaubretière n'était restée debout depuis le Sourdis, habitation du général de Sapinaud, jusqu'à la plus chétive cabane. L'état-major (n.d.l.r. : de l’Armée du Centre) avait été oblige d'aller s'établir au château de Beaurepaire, à une demie-lieue de là...

... Il (le général de Sapinaud) aimait à quitter son camp de Beaurepaire pour revoir La Gaubretière et son chateau du Sourdis; il ne rencontrait partout que des monceaux de cendres.

François Faivre (n.d.l.r. : parti à 16 ans avec l’Armée du Centre, arrêté à Laval, il fut 15 mois prisonnier à Nantes) écrit dans ses mémoires : Ma bonne femme prise par les bleus a eu le bonheur de s’évader du bois du Drillais (lors du grand massacre) ... Rentré à La Gaubretière, je ne pouvais en croire mes yeux (quel spectacle mon Dieu !). Sans l’église, malgré qu'elle fut sans couverture, j’aurais eu de la peine à reconnaitre I’endroit qui m'avait donné le jour.

Tel était l'aspect de La Gaubretière à la fin de la guerre. L'église seule se dressait presque intacte au milieu d'un amas de décombres et de cadavres que l'hiver recouvrait à peine de sa housse blanche, et sur ce tapis immaculé, dont chaque légère ondulation cachait une ruine ou un cadavre, des vols effarés de grands corbeaux et des bandes nombreuses de loups faisaient comme un semis d'hermines.

Le clocher

Le clocher de l’ancienne église dernier témoin de cette époque troublée.
A gauche l’église recontruite, sur le parvis le monument au général De Sapinaud.
(le clocher a été décapité par la foudre au siècle dernier)

La tradition locale rapporte que le soir du Grand Massacre, le ciel, par un prodige, devint tout rouge, comme s’il avait voulu refléter tout le sang qui coulait en ce coin perdu du bocage.

Le Registre clandestin de l’abbé Desplobein dont j’ai parlé dans le premier article de cette série, dépouillé par Claude Larcher (adhérent n° 1038 aujourd’hui décédé), donne les noms de 96 des victimes :

ALLION Jeanne

GREGOIRE

Jean

mari

AUVINET Perrine

GREGOIRE

Marie

femme

AUVINET

Perrine

née Paquet

mère

GREGOIRE

Jean

fils

BARON

Jeanne

fille

GREGOIRE

Marie

née Jobard

fille

BARRE Jeanne née Baron JAUNET Suzanne née Martin
BENAUD René JOBARD Pélagie née Bossard

BOSSARD

Marie

née Poirier

mère

JOBARD Marie

BOSSARD

Jean

fils

JOBARD Mathurine
BOSSARD Marie JOBARD Jean
BOSSARD Pierre mari JOBARD Marie née Micheau (Vve)
BOSSARD Marie née Gitet femme JOBARD Marie née Soulard
BOUCHERIE Marie Françoise JOUSSE Françoise
BOUDARD Louis LANDREAU Marie née Goineau
BOUDAUD Charles LANDREAU Jean
BOUSSAUD Marie

LIBAUD

Jean

mari

BOUSSEAU Pierre

LIBAUD

Perrine

née Bossard

femme

BOUSSEAU Jeanne née Bousseau LOISEAU Françoise née Charrieu
BOUSSEAU Jeanne LUCAS Marie
BOUTIN Catherine née Baron MERLET Françoise née Gaborieau
BRIN Renée née Bousseau MERLET Marie Modeste
BROCHARD Jeanne née Jobard (Vve) MERLET René
BRUNET François MERLET Marie
CAILLON Pélagie MICHEAU Rose née Micheau
CHUPIN Jean MICHEAU Jacquette née Retaillau
COUCHEAU Antoine

MINGUET

Louis

mari

DRAPEAU Modeste

MINGUET

Marie

née Seguin

femme

DRAPEAU Jeanne née Goineau MINGUET Louis fils
DRAPEAU Marie née Mindron MORINIERE Rose
DRAPEAU Perrine née Renaudin

NASCIVET

Jacques

mari

GABORIEAU Pierre

NASCIVET

Marie

née Toufreau

femme

GAURIT Marie née Borderon (Vve) NAUTIER Charles
GAUTRON Charles PAQUIER Jacques
GIRARD Madeleine PAQUIET Pierre

GODARD

René

mari

POQUET Rose

GODARD

Jeanne

née Merlet

femme

RANGEARD Catherine
GODET Pierre RETAILLEAU Mathurin
GODET Marie Madeleine ROI René
GODET Perrine née Landreau

SEGUIN

Joseph

mari

GODET Perrine née Roi

SEGUIN

Renée

née Soulard

femme

GOINEAU

Pierre

mari

SEGUIN Michel

GOINEAU

Marie

née Ardrieu

femme

SEGUIN Rose

GOINEAU

Jeanne

fille

SOULARD Jeanne née Brochard (Vve)

GOINEAU

Françoise

fille

SOULARD Perrine
GOURRAUD Pierre SOULARD Jean
GOURRAUD Louis VINET Perrine née Boudaud
GOURRAUD Renée née Rangeard VOINEAU Augustin
GREGOIRE Perrine née Pauleau YOU Perrine née Bossard
GUITTON Marie Jeanne née Guitton (Vve) YOU Perrine née Loiseau (Vve)

L’activité d’une colonne militaire d’abord commandée par le Général Ferrand puis par le Général Huché entre le 10 et le 24 juillet 1794 (SHAT, Correspondance Armée de l’Ouest)

Nous soussignés Louis Mothais de la commune de Cécile, Jean Durand, Pierre Vinet officiers municipaux de la ditte commmune et Jacques Perochon maire de la commune des Essarts et fournisseur des bois de construction pour la Marine de la République sommes partis du camp du Pont Charron en qualité de guide avec la colonne commandée par le Général Ferrand le 22 messidor à dix heures du soir.

Nous nous sommes portés à Cécile, nous avons trouvé au village du Pont Charraud, poste de brigands, environ 200 hommes qui après peu de résistance prirent la fuite, une vingtaine ont été tués. Du Pont Charraud nous nous sommes portés aux Essarts où nous n’avons trouvé personne. Nous en sommes partis pour aller dans les landes de la Chauvinière où nous avons campé et passé la nuit.

Le 24 nous nous sommes portés à Chauché, de là à la forêt de Grala où nous avons trouvé différents ornements

Le trajet de la colonne

d’église et plusieurs individus des deux sexes qui nous ont déclaré que l’ex-curé de Chavagne et un autre inconnu y célébraient habituellement la messe. Les hommes arrêtés ont été renvoyés après avoir reçu des proclamations, une invitation de rentrer dans l’ordre et de s’occuper de leurs travaux domestiques. De la forêt de Grala, nous nous sommes portés sur les Brouzils et de là dans les landes des Cortrais où nous avons bivouaqué la nuit entière.

Le 25 nous sommes passés à Georges et de là à Montaigu où nous avons resté trois jours.

Le 28 à quatre heures du soir, nous sommes partis de Montaigu avec la colonne qui nous a paru passer aux ordres du Général Huchet qui s’est placé à la tête de l’avant-garde. Nous nous sommes porté sur Vieillevigne et de là à Rocheservières. Nous avons remarqué sur notre passage une vingtaine d’individus des deux sexes pris à leur ouvrage et tués sur le chemin, sans y comprendre ceux que les tirailleurs tiraient à droite et à gauche au mépris des proclamations dont nous étions porteurs et sans doute par les ordres du Général Huchet, car ayant observé au Général Ferrand avec lequel nous étions partis du Pont Charon que la proclamation des agents de la Commission d’Agriculture et des Arts invitait à respecter les personnes qui n’étaient pas armées, et que celles du Général en Chef (n.d.l.r. : à l’époque Vimeux successeur de Turreau) en faisait un devoir aux soldats. Le Général Ferrand nous aurait répondu que cela était vrai, que nous avions dû remarquer que la colonne s’était bien comportée tant qu’elle avait été sous ses ordres, qu’il voyait bien que cela allait se passer fort mal, mais qu’il ne pouvait l’empècher n’étant plus commandant. De Rocheservière nous nous sommes portés dans la lande près le dit bourg où nous arrivames à onze heures du soir. Notre avant-garde y fut attaquée par les brigands, huit d’entre eux furent tués. N’ayant pu poursuivre le reste à cause de la nuit, nous bivouaquames dans la lande.

Le 29, quatre heures du matin nous levames le camp et allant au village de la Besilière, commune de Legé où nous espérions trouver Charette qui effectivement n’en était parti que deux heures auparavant. Là nous apperçument la colonne républicaine qui venait deChallans. Nous restames dans le village de La Besilière quatre ou cinq heures, et tous les hommes et femmes même trouvés sans armes dans les champs occupés de leurs ouvrages et dans les maisons furent égorgés et fusillés. Le village fut entièrement incendié. Deux pièces de terre ensemencées en froment furent incendiées après avoir servi à camper l’armée. De là nous nous portames au Grand Luc et allames bivouaquer dans les landes qui avoisinent ce bourg. Un seul homme fut rencontré avec sa femme, montés sur un cheval chargé de deux pochées d’effets; le mari et la femme furent tués.

Le 30 nous avons quitté la lande du Grand Luc et nous nous sommes portés au bourg de Saligny où nous n’avons trouvé personne, de là nous avons été dans les landes des Jouineaux où nous avons fait halte; un village du bourg de Saligny, voisin du bourg de Saligny a été incendié et plusieurs moutons ont été brûlés dans leur toit. Nous avons entendu tirer à droite et à gauche dans les champs et plusieurs individus ont surement été victimes des coups que nous avons entendus. Des landes de Jouineaux nous nous sommes portés au bourg de Denis la Chavasse où nous n’avons trouvé personne. La colonne sortie du bourg, le Général Huchet donna ordre à l’arrière-garde de retourner sur ses pas, de brûler le bourg et à l’instant le bourg et les métairies qui l’entourent devinrent la proie des flammes.

Le 1er thermidor, nous avons campé dans les landes de la Marquière près Boulogne. Plusieurs cultivateurs trouvés sans armes, les uns en chemise, les autres en gilet, presque tous à leurs travaux ont été ammenés au Général Huchet et fusillés sur le champ par ses ordres. Le Général Ferrand témoin de ces massacres ayant voulu faire des observations au Général Huchet et les empècher, ce dernier lui répondit "Je le veux moi" Nous observons cependant que d’après celà plusieurs femmes et deux hommes seulement furent épargnés.

Le 2 nous sommes partis de la lande de la Marguière et nous avons été au Poiré passant par le village de Lorsière, nous y avons vu un homme et une femme tués dans leur maison, la femme sous la table et l’homme dans son foyer. Sur les observations que nous fimmes au Général Ferrand que des abominations avaient été commises, le Général Ferrand répondit à moi Mothais "Ne me parlez pas de cela, j’en ai la tête cassé, vous savez que je ne commande plus". Le même jour, nous sommes partis du Poiré sur La Roche et dans notre chemin nous avons rencontré les brigands au nombre de quatre à cinq cents qui parurent vouloir attaquer notre avant-garde. Mais ayant vu notre avant-garde s’avancer sur eux et notre colonne rangée en bataille, ils prirent la fuite et laissèrent après eux vingt cinq voitures chargées de grains, farines et effets. Deux cents au moins de ceux qui escortaient ces voitures ont été tués, soixante quatre femmes et enfants trouvés dans un village près le Poiré ont été conduits à Palluau et là, mis en liberté par le Général Ferrand qui leur a fait délivrer l’étape.

Le 3, nous avons quitté l’armée à Palluau, nous nous sommes rendus à Luçon avec le Général Ferrand passant par Challans et les Sables.

Nous avons remarqué depuis Montaigu jusqu’à Palluau que le pillage a été horriblement commis et le bétail partout enlevé par l’armée commandée par Huchet.

Lesquels faits nous assurons sincères et véritables. A Hermine sur Senague le sept thermidor l’an 2ème de la République une et indivisible et avons signé.

Signé à l’original Perochon, Pierre Vinet, Durand, Mothais

Les membres composant le Comité de Surveillance de la Société Populaire

Epurée de Fontenay le Peuple,

signé Perrault Président et Littier

Pour copie conforme,

Les membres du Comité de Surveillance de la Société Populaire

Epurée de Fontenay le Peuple

Perreau prt Duvanes sre

Un massacre célèbre, devenu l’un des Mémorials de la Vendée Militaire

Les Lucs de Boulogne

La carte des évènements des Lucs

Carte extraite du livre de P. MARAMBAUD : "Les Lucs, la Vendée, la Terreur, la Mémoire" (160 F. port compris)
Avec l’aimable autorisation des Editions "L’Etrave" B.P. 20 85550 Fromentine (lettre du 15 janvier 1997)

C’est pour combattre Charette localisé près de la Vivantière qu’au matin du 28 février, Cordelier secondé par Crouzat quitte les landes de Boisjarry, non loin de Mormaison et part vers le sud. Sa colonne franchit la Boulogne au moulin de l'Audrenière tandis qu'une autre colonne, aux ordres de Martincourt, remonte la rive droite de la rivière vers le Petit-Luc Chemin faisant, la troupe détruit tout ce qu’elle trouve dans cette partie est du pays des Lucs.

Extrait de "La guerre de Vendée" d’A. Billaud (Editions Lussaud)

Les Lucs forment en ce temps-là deux paroisses : le Grand-Luc, 2050 habitants, et le Petit-Luc, 100 habitants. Les Bleus, commandés par un général de 26 ans, Cordelier, et partis, le matin, des landes de Boisjarry, suivent le chemin de Mormaison aux Lucs.

Sur leur passage tout flambe :villages, étables, barges, paillers; tout est détruit, on égorge les gens dans les maisons; on éventre les bêtes dans les écuries.

A l'approche des bandits, des malheureux se sont réfugiés dans l'église du Petit-Luc. Le curé, M. Voyneau, âgé de 70 ans, va au-devant des Bleus. Dans le chemin de la Malnaye les Bleus le saisissent. Trop beureux d'assouvir leur haine sur un prêtre, ils lui arracbent la langue et le coeur, qu'ils écrasent ensuite sur les pierres du chemin.

Dans l'église, les fidèles se préparent à la mort en récitant le chapelet. Les assassins arrivent. Sans un mouvement de pitié, ils déchargent leurs fusils sur la foule agenouillée; ils s'acharnent sur les mourants à coups de baionnettes. Dans le sanctuaire, hier encore si paisible, les blasphèmes les plus hideux se mêlent aux râles des agonisants.

Puis, satisfaits, n'ayant plus rien à tuer, les Bleus s'en vont vers les landes de Launay. Parvenus à quelques distances, ils apercoivent le clocher du Petit-Luc. Ils tirent dessus à coups de canon. Le clocher s'effondre, écrasant de sa masse le monceau de victimes encore pantelantes.

Le soir même, l'un des égorgeurs écrivait ce billet: "Aujourd'hui, journée fatiguante, mais fructueuse. Pas de résistance. Nous avons pu décalotter à peu de frais toute une nichée de calotins qui brandissaient leurs insignes de fanatisme. Nos colonnes ont progressé normalement"

Journée fructueuse certes : 563 cadavres gisent sur le territoire des Lucs. Certains resteront un mois sans sépulture.

Parmi ces morts, beaucoup d'enfants. 109 des victimes n'ont pas plus de 7 ans; 33 n'ont pas 2 ans; 2 n'ont encore que 15 jours.

Le lendemain 1er mars, Crouzat et Rouget à partir de Legé détruisent toute la partie ouest du pays des Lucs et finissent par le Grand Luc avant d’aller bivouaquer dans les Landes de Launay.

Texte extrait de l’ouvrage déjà cité : "Les 12 colonnes infernales de Turreau"