2ème proposition présentée par Kleber le 8 janvier 1794
Le besoin de terminer promptement la guerre de la Vendée, la saison rigoureuse où nous nous trouvons, les fatigues qu'ont éprouvées nos troupes, la nécessité de leur procurer du repos, les maladies qui les menacent si la guerre se prolonge, la supériorité de nos forces sur celles de l'ennemi, la surveillance que l'on doit avoir sur les projets du gouvernement anglais et des émigrés qui semblent menacer nos côtes, tout nous impose la loi de marcher à l'ennemi par la direction la plus courte et de veiller en même temps à la sûreté de nos côtes.
Je suppose maintenant qu'il existe deux partis dans la Vendée : l'un sur les bords de la mer, du côté de Machecoul, Beauvoir, les Sables, etc., et l'autre sur la rive droite de la Sèvre du côté de Chatillon.
Il n'est pas douteux que c'est d'abord du côté de la mer, qu'il faut porter ses principales forces; car, si les Anglais tentaient une descente sur cette partie, les rebelles en deviendraient plus entreprenants, plus audacieux. Il faudrait accourir de loin avec de nouvelles forces, et peut-être la guerre ne serait-elle pas terminée de longtemps.
Il est encore une autre considération importante, c'est que, s'il existe en effet un rassemblement de quelques centaines d'hommes du côté de Chatillon, il faut empêcher qu'il ne se réunisse à l'armée de Charette, dans l'intention, peut-être, de favoriser une descente sur nos côtes.
Il s'agirait donc de déterminer la direction d'une forte colonne qui pût réunir tous les avantages à la fois, savoir :
1°. Concourir à la destruction de Charette.
2°. Porter des secours sur les côtes en cas d'attaque.
3°. Empêcher les rassemblements de la rive droite de la Sèvre de se réunir à Charette, et de se porter promptement à Mortagne, Chollet, Chatillon, s'il est nécessaire.
Cette direction est celle de Montaigu et Saint-Fulgent, ainsi qu'on l'a déjà dit. Cette position intermédiaire, entre les rassemblements des vendéens, semble offrir les plus grands avantages dans la circonstance. Deux journées de marche suffisent pour se porter sur les côtes de la mer, ou sur la rive droite de la Sèvre, à Chollet et Chatillon. Une colonne, placée dans cette position importante, peut être considérée comme une réserve destinée à poursuivre l'ennemi attaqué par les forces d'Haxo, ou par celles de Chollet, et à lui couper la retraite.
Il semble que l'on a de grands moyens pour exécuter ce plan.
1°. La division du Nord pourrait se porter à Montaigu
2°. Le poste de Chantonnay supposé de quatre à cinq mille hommes s'avancerait à Saint Florent à l'embranchement des deux grandes routes des Herbiers au Sables et de Chantonay à Nantes : poste appelé le camp de l'Oie
3°. Si la division des Pyrénées est à Niort elle serait dirigée sur Saint Fulgent.
Mais dans tous les cas possibles il serait à propos de placer la division du Nord à Montaigu et de le faire promptement.
Dans l'état actuel des choses, il faut aller attaquer l'ennemi directement où il est et placer des forces actives dans les points intermédiaires de manière à l'empêcher de parcourir toute la Vendée en fuyant devant les troupes qui l'attaqueront.
Il ne faut pas croire que l'on puisse réussir à terminer cette guerre en dirigeant les mouvements aux deux extrémités de la Vendée. Il est impossible d'embrasser avec nos forces la vaste enceinte de ce territoire : il n'en résulterait qu'une perte de temps considérable et des marches inutiles. Il en résulterait peut-être encore que l'on forcerait tous les paysans de l'intérieur qui ne demandent plus que la paix à se réunir en masse et l'on verrait une nouvelle armée se former dans la Vendée. Attaquons promptement les rassemblements connus; détruisons-les protégeons le pays et tout rentrera dans l'ordre.
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