1793 - 1993 —– UN AUTRE BICENTENAIRE

L'article précédent clôturait la partie narrative des évènements qui ensanglantèrent, il y a plus de 2 siècles 660 paroisses (aujourd'hui communes) réparties entre la Vendée, les Deux Sèvres, le Maine et Loire et la Loire Atlantique.

Je vous propose dans les prochains bulletins de tenter d'apporter quelques éléments de réponse à des questions qui peuvent être qualifiées d' "épineuses" :

- Les auteurs des massacres furent-ils sanctionnés ?
- Le nom de Turreau gravé sur l'Arc de Triomphe de l'Etoile, pourquoi ?
- Peut-on parler de génocide ?
- Tureau était-il "de Linières", "de Garambouville" ou ... ?
- Et le blason de la Vendée ?

Les auteurs des massacres furent-ils sanctionnés ?

C'est le 13 mai 1794 que le Comité de Salut Public destitue Turreau de son poste de Commandant en Chef de l'Armée de l'Ouest et l'envoie commander la place de Belle Isle.

En même temps que Turreau sont destitués les généraux : Cordellier et Duval (dont nous avons suivi les opérations), Robert, Bard, Joba, Cortez et Carpentier.

Le 3 août (soit 6 jours après l'exécution de Robespierre), les représentants auprès de l'Armée de l'Ouest destituent les généraux : Huché, Grignon, Amey (dont nous avons suivi les opérations), Dutruy, Lenoir, Bonvoust et 7 adjudants généraux (colonels).

Le 16 août, le Comité de Salut Public confirme les suspensions du 3 août.

Mais ce n'est que le 29 septembre (8 vendémiaire an III) que la Convention Nationale s'émeut de ce qui s'est passé en Vendée : (texte intégral tel qu'il figure dans les "compte rendus parlementaires")

Convention Nationale

Séance du 8 vendémiaire an III (29/9/1794)

Un membre donne des renseignements sur la guerre de la Vendée, et désigne Carrier comme ayant permis des atrocités.

Carrier monte à la tribune, et, après avoir donné des explications pour repousser les inculpations, il annonce qu'il a son rapport prêt, qu'il va livrer à l'impression, à moins que l'assemblée ne désire l'entendre à l'instant. Il ajoute qu'on y verra qu'il est à l'abri des reproches.

Plusieurs membres donnent des renseignements sur ce qui s'est passé dans la Vendée. Ils désignent le général Turreau comme ayant commis et permis des atrocités. On remarque qu'à cette époque Carrier était rentré à la Convention. Les officiers municipaux ont été, ajoute-t-on, fusillés en écharpe; des horreurs ont été commises.

LOFFICIAL : Il est une grande vérité c'est qu'on a destitué, incarcéré tous les généraux qui travaillaient à finir la guerre de la Vendée. et l'on a conservé tous ceux qui ne songeaient qu'à la perpétuer. des scélérats qui violaient des femmes mortes.

[Mouvement d'horreur]

Le temps de tout dire est arrivé. Cette guerre a été réorganisée par les mêmes scélérats; une amnistie avait été accordée; peu de temps après on la révoqua pour forcer les habitants de ces départements à reprendre les armes et pour affamer Paris : car ces départements qui pouvaient fournir une quantité immense de bestiaux, ne fournissent plus rien. Je vais vous rapporter un fait qui fait frémir la nature.

[Montez à la tribune, crie-t-on. L'opinant monte à la tribune. et continue :]

Carrier, après une espèce d'amnistie, avait invité ces hommes à venir déposer les armes; huit cents vinrent les déposer en effet; que fit Carrier ? Il les fit fusiller.

[Vif mouvement d'indignation]

[Carrier se présente à la tribune. Il s'élève de violents murmures. L'opinant continue :]

Une femme avait été amenée à Carrier elle fut fusillée. Elle pouvait être coupable. Je n'en sais rien; mais elle avait deux enfants. L'un âgé de trois ans, l'autre de vingt mois. On délibéra sur le sort de ces enfants; le résultat de la délibération fut qu'ils n oublieraient jamais le traitement fait à leur mère, que c'était des serpents que l'on nourrirait; ils eurent le sort de leur mère.

[L'assemblée manifeste un mouvement d'horreur]

J'ai voulu faire connaître tous les faits au Comité de Salut Public, on n'a pas voulu m'écouter.

Une voix: On n'écoutait personne.

[L'opinant reprend :]

Oui c'est pour affamer Paris, qu'on a perpétué cette guerre qu'on aurait pu finir dans un mois. Il faut enfin que la Convention tienne d'une main ferme les rênes du gouvernement; qu'elle examine la conduite de son ancien comité de gouvernement.

On m'a traité de contre-révolutionnaire, de protecteur des brigands, parce que je voulais empêcher la continuation d'une guerre qui affamera Paris, d'une guerre qu'on aurait pu finir en un mois si on l'eût voulu; mais, lorsqu'on voyait qu'un général marchait droit au but. on le destituait sur le champ de bataille. Examinez la conduite de tous ceux qui ont dirigé cette guerre, et vous verrez que la plupart sont coupables.

CARRIER: Je n'ignore pas les calomnies que de vils pamphlétaires ont répandues sur mon compte, et je m'apprête à y répondre par un mémoire que je vais livrer à l'impression, et qui contient le compte exact de ma conduite et des arrêtés que j'ai pris avec plus de vingt de mes collègues qui tous ont été témoins de mes actions dans la Vendée. Si vous voulez me permettre de prendre la parole sur-le-champ je vous prouverai que j'avais terminé la guerre de la Vendée

[Murmures]

et toute l'armée vous attestera qu'il n'y avait plus que 300 brigands lorsque je la quittai. J'en appelle à mon collègue Merlin (de Thionville). Qu'il dise si plus de vingt communes ne sont pas venues à Montaigu, où nous étions si je ne les ai pas traitées avec toute la douceur fraternelle, et si je ne leur ai pas fait délivrer du pain et du vin.

On parle d'une femme qui est venue chez moi et que j'ai fait périr. Si le fait est prouvé, je porte ma tête sur l'échafaud.

On parle d'une femme et de deux enfants égorgés par mes ordres: si le fait est vrai, je demande à porter ma tête sur l'échafaud.(version du Journal des Débats et des Décrets)

[Une voix: On en prouvera bien d'autres.]

CARRIER: J'ai donné appui et protection aux communes quand elles venaient se rendre; mais ensuite, quand nos soldats pénétraient en petit nombre dans ces communes, elles les égorgeaient.

Lorsque la division du Nord est venue dans la Vendée, je lui avais ordonné de se porter sur l'armée de Charette; au lieu de cela elle marcha sur plusieurs communes qui ne remuaient pas. Il y a huit mois qu'il n'y avait pas de chouans, et qu'il n'y avait pas plus de 300 brigands; et aujourd'hui il y en a plus de 30.000 qui ont égorgé tout un bataillon de Paris.

Aujourd'hui les rebelles reparaissent : nous avions un camp à La Rouillère. Les brigands l'ont attaqué depuis peu de jours y ont égorgé 600 de nos défenseurs, un bataillon entier de Paris, et massacré tout ce qui suivait le camp, sans distinction.

De là, ils se sont portés dans un village, y ont immolé les soldats dans les hôpitaux, et sont maintenant aux portes de Nantes.

LE COINTRE : Que Carrier livre son mémoire à l'impression, et qu'il ne nous fasse pas de ces images...

Plusieurs voix : Non non.

CARRIER : Voilà ce qui a grossi la Vendée. Les brigands... sont aux portes de Nantes; ils ont surpris un petit camp que nous avions de ce côté, et ils ont tout égorgé; ils sont entrés dans un de nos hôpitaux. et ont massacré tous les malades. Les chouans, qui étaient réduits à presque rien occupent une grande étendue de pays aujourd'hui. Du coté de Nantes, Rennes, etc. tous les jours ils égorgent impitoyablement : pas un seul voyageur ne peut passer dans ce pays, qu'il ne soit massacré.

Quant aux faits de brigands péris dans la Loire, que direz-vous quand vous saurez que la vérité est entièrement opposée à ce que l'on a avancé ? La voici : quand les brigands voulurent tenter de repasser la Loire sous Nantes, j'avais fait ôter toutes les embarcations, pour leur interdire ce passage et disposer des chaloupes canonnières; ce sont ces chaloupes canonnières qui en précipitèrent dans le fleuve cinq ou six mille qui voulurent tenter ce passage.(version du Journal des Débats et des Décrets)

Il est vrai que des brigands ont péri dans la Loire, mais ce fut lorsqu'ils voulurent la passer à Ancenis. Nos chaloupes canonnières ont brisé leurs radeaux et leurs toues, et ils sont tombés plus de 6.000 dans la Loire. Il arriva encore la même chose lorsqu'ils voulurent passer cette rivière au-dessous de Nantes, car les mesures que j'ai prises les empêchèrent de pénétrer dans le Morbihan.

Les arrêtés pris par Turreau et par moi vous attesteront aussi que nous avions expressément défendu de mettre en jugement les jeunes brigands de 12 à 16 ans : j'en délivrai beaucoup, et je les remis aux hôpitaux où un grand nombre d'entre eux vivent encore; beaucoup sont morts, il est vrai. mais c'est par suite d'une maladie contagieuse pareille à celle appelée la preussienne, et qui, comme on sait, a régné dans l'armée des brigands.(version du Journal des Débats et des Décrets)

Quant aux enfants. il existe un arrêté signé de Bouchotte, Turreau et de moi, qui défend de les traduire en jugement, et ordonne de les livrer aux bons citoyens qui voudront s'en charger. Il y en a beaucoup dans les différents hôpitaux de Nantes, quoiqu'il en soit mort aussi une assez grande quantité, car il régnait parmi eux une maladie semblable à celle qui a fait périr tant de Prussiens dans les plaines de Champagne; maladie dont notre collègue Prieur a lui-même failli mourir.

On verra dans mon mémoire comment je repousse les inculpations qui me sont faites, et quels sont les services que j'ai rendus car c est moi qui ai empêché la prise de Granville et d'Angers, en y envoyant en toute diligence les munitions et les choses dont ces deux places manquaient pour se défendre.

MERLIN (de Thionville) : Je dois répondre à l'interpellation qui m'a été faite. Lorsque j'étais à Montaigu, et que certains généraux dont les brigandages sont connus parvinrent, par leurs intrigues avec Bouchotte. à faire destituer ceux qui servaient bien la patrie, Carrier arriva. Il vit une vingtaine de communes que j'avais ramenées au giron de la République : elles m'avaient promis de ne plus suivre les brigands s'ils venaient pour les faire marcher. Je fus rappelé aussitôt après l'affaire d'Ancenis. et ces hommes qui avaient tenu leur promesse et qui avaient même combattu les brigands avec l'armée de la République ont été égorgés par elle. Je ne sais par quel ordre, mais je sais que si j'avais été député près de cette armée, ou même dans un département voisin, on n'aurait pas égorgé impunément sous mes yeux, quoique je n'eusse pas signé l'arrêté qui accordait l'amnistie.

Carrier s'écrie que c'est le général Turreau qui a commandé ce massacre. Un membre commence la lecture d'une lettre qu'il vient de recevoir. Nous sommes infestés de brigands, y est-il dit, envoyez-nous des troupes fraîches. On interrompt le lecteur, et la lettre est renvoyée au Comité de Salut Public.(version des Annales Patriotiques)

Le tableau que Carrier vient de vous faire est exagéré. Je sais que la Vendée se grossit de tous les hommes à qui l'on fait craindre le retour du système de Robespierre; mais je sais aussi que le Comité de Salut public, bien instruit, prend des mesures pour terminer bientôt cette guerre, qui n'est pas alarmante pour la liberté.

[Applaudissements]

La liberté planera bientôt sur toutes les têtes pour la consolation du peuple et l'effroi des coupables.

Il est vrai que depuis qu'on parle de ramener le règne de l'injustice et de la barbarie. la Vendée s'est grossie de tous les hommes qu'on menace de la déportation et du retour de l épouvantable système de Robespierre...(version du Journal des Débats et des Décrets)

DU ROY: J'étais au Comité de Salut public ces jours derniers quand Carrier se présenta, et manifesta sa sensibilité des inculpations qu'on fait circuler contre lui et fit part de l'intention où il était de faire imprimer un mémoire pour sa justification. Il dit qu'il comptait insérer dans ce rapport un tableau de l'état actuel de la Vendée; il prétendait avoir des renseignements sûrs qui lui étaient fournis par ses correspondants d'où il résultait que cet état était très alarmant. Le Comité qui me parut aussi bien instruit que Carrier prétendait au contraire que cet état n'était nullement alarmant. Carrier enfin demanda conseil au Comité pour savoir s'il devait ou non dire dans son rapport ce qu'il savait relativement à cette guerre. Je pris la parole. Puisque tu demandes un avis, lui dis-je, voici le mien: L'état actuel de la Vendée n'a rien de commun avec le temps où tu y étais; tu es accusé, démontre ton innocence, borne-toi là, le reste ne te regarde pas.

[On applaudit]

Carrier s'était rendu à cet avis; et je m'étonne qu'aujourd'hui, au lieu de répondre d'une manière concluante aux reproches qu'on lui fait, il se soit borné à jeter des alarmes dans le sein de cette assemblée : le Comité de Salut public sait son devoir, et s'il était besoin d'éveiller votre sollicitude il le ferait.

CARRIER: J'ai promis de me justifier complètement. Je déclare qu'il n'est jamais venu chez moi ni femme ni enfants de brigands. et j'ai toujours défendu qu'on mît en jugement les jeunes brigands de 12 à 16 ans.

MAIGNEN : L'état de la Vendée n'est point alarmant pour la République; mais des hommes couverts de sang, des hommes dont les crimes sont restés impunis, ont organisé la guerre de la Vendée. Le premier de ces hommes est Turreau, général en chef. Il y a un an que Laignelot et Lequinio avaient réduit les brigands à 300 hommes. Charette était abandonné de tous les cultivateurs. et il n'avait plus que quelques prêtres et quelques nobles. A cette époque Turreau divisa l'armée en douze colonnes, qui, au lieu de poursuivre les restes de l'armée de Charette, ont pénétré dans le pays par douze points différents et ont égorgé les malheureux qui étaient dans leurs foyers ou qui cultivaient leurs champs. Le pillage fut la récompense de ces troupes, parmi lesquelles il y en avait beaucoup de l'armée révolutionnaire.
Sous les yeux de quels représentants pensez-vous que tout cela se passait ? On fait beaucoup de reproches à Hentz et Francastel. On souffrait que les soldats missent au bout de leurs baïonnettes des enfants d'un ou deux mois.

[On frémit d'horreur]

Il faut rendre justice à quelques-uns de nos collègues; ils avaient très sagement ordonné qu'on transportât les grains sur les derrières de l'armée. Carrier était alors à Nantes. Les chefs des divisions faisaient prendre toutes les voitures et tous les chevaux du pays où ils pénétraient, et ils voulaient ensuite forcer les habitants à transporter les grains sur les derrières de l'armée. Ces malheureux ne pouvaient point obéir, puisqu'ils n'avaient plus ni voitures ni chevaux; alors on faisait brûler les grains, et fusiller les officiers municipaux en écharpe.

[Mouvement d'horreur]

Carrier était rentré dans la Convention à cette époque, et il n'y avait plus alors à l'armée que Turreau, Hentz et Francastel. Ces deux derniers approuvèrent la conduite du général Turreau.
Vous vous rappelez citoyens, que celui-ci vous écrivit que deux ou trois colonnes avaient tué cinq ou six mille brigands; savez-vous comment cela se fit ? Le voici: on avait ordonné à plusieurs communes de se réunir sur un seul point et lorsqu'elles furent rassemblées, Turreau fit fusiller sans distinction d'âge ni de sexe

[L'assemblée manifeste la plus grande indignation]

Carrier désavoue le fait qui lui est imputé par Maignen, et attribue les massacres qui ont eu lieu à la cruauté des habitants qui ont égorgé un grand nombre de volontaires.

MAIGNEN : Il n'entre pas dans ma pensée d'inculper mes collègues; mais je dis que plusieurs ont été trompés; je l'ai dit au Comité de Salut public; il ne m'a pas écouté...

Plusieurs voix : Il n'écoutait personne.

MAIGNEN : Des membres ont même eu l'imprudence de m'appeler protecteur des brigands...

Plusieurs voix : Nommez-les.

MAIGNEN : Ils ne sont pas ici. J'en appelle à Carnot, qui dira qu'ils m'ont traité d'imposteur et de modéré.
Aujourd'hui l'on se trompe encore sur l'état de la Vendée. Les brigands actuels ne sont pas des gens sans aveu. Les cultivateurs vous tendent les bras de toutes parts: ces malheureux marchent quelquefois, mais ce n'est que lorsqu'ils y sont forcés par les brigands qui leur mettent le couteau sous la gorge. Le véritable noyau de l'armée catholique actuelle est composé de prêtres. de nobles, de faux-sauniers, de héros de 500 livres, qui y sont passés avec les déserteurs que Carra avait formés en compagnies pour combattre les brigands. Ce noyau de trois à quatre mille hommes ne fait marcher les cultivateurs qu'avec beaucoup de peine et ceux-ci se cachent la nuit dans les bois pour leur échapper.

Le Comité de Salut public a pris des mesures sages pour terminer cette guerre, et j'espère qu'avant peu nous en verrons la fin.

Je demande que le Comité nous donne les noms de tous les chefs qui commandent la Vendée, et l'on verra quelle est la conduite qu'ils y ont tenue; vous verrez parmi eux un nommé Huchet, qui a violé, massacré et fait fusiller les femmes, après en avoir joui.

Ce que je demande, c'est que votre Comité de Salut Public vous présente la liste des chefs de division qui se sont rendus coupables; de ces scélérats dont quelques-uns ont eu la scélératesse de faire fusiller des femmes, après avoir assouvi sur elles leur brutale passion.

[Indignation](version du Journal des Débats et des Décrets)

LAIGNELOT : On est heureux de pouvoir soulager son coeur, lorsqu'il est navré par le souvenir de tant d'abominations et de cruautés. Je connais la guerre de Vendée; je sais quels en ont été tous les ressorts. Lorsque j'étais à Rochefort avec mon collègue Lequinio, on vous disait ici que la Vendée n'existait plus, tandis qu'elle était alors de la plus grande force. C'est peut-être un trait de génie des Vendéens que d'avoir traversé la Loire au nombre de 60 mille hommes tandis qu'ils laissaient encore une nombreuse armée dans le Marais. A cette époque les Anglais devaient faire une descente à Port-Malo, et les brigands leur auraient donné la main.

On m'envoya dans ce temps à la Vendée : on faisait alors le siège de Noirmoutier qu'on employait pour accroître cette guerre et pour la perpétuer. On affectait de répandre qu'on transplanterait tous les habitants de ce pays, et qu'on partagerait les terres à d'autres. Je connaissais dans la Vendée des hommes vraiment patriotes qu'on a ainsi réduits au désespoir.

Une des causes du mal c'est qu'aux sociétés populaires, on affectait de dire qu'on ne voulait pas laisser un seul homme dans ces départements, qu'on y appellerait les patriotes des autres contrées de la République et qu'on allait partager les terres.(version du Républicain, Journal des Hommes Libres)

Je ne pouvais concevoir pourquoi on laissait exister ce chancre politique; je le dis à Barère qui me répondit : on nous prête une bien monstrueuse politique.

Une voix: Cela me fut dit aussi par Saint-Just.

Un membre cite un propos qui lui fut tenu par Robespierre et Saint-Just, qui indiquait cette même politique. et qui le força à leur répondre qu'ils étaient des scélérats.(version du Journal des Débats et des Décrets)

LAIGNELOT: Je parlai dans la société populaire de Fontenay-le-Peuple; je ramenai tous les hommes qu'on avait égarés, et je les disposai à marcher contre Charette. Alors la Vendée était éteinte. Je reçus l'ordre de me rendre à Brest; je passai par Les Sables; et lorsque je fus à Challans j'appris que Charette était à Machecoul. Par une fausse manœuvre, on avait dégarni ce côté et on lui avait permis l'entrée de cette ville, où il égorgea beaucoup de patriotes. Enfin on emporta Noirmoutier. Charette fut attaqué dans Machecoul et il y fut battu. Son armée n'était plus composée alors que de 700 femmes et 2.500 hommes qui n'avaient ni fusils ni canons, ni munitions; ils ne tiraient que quelques coups de fusil en marchant pour tâcher d'opérer non pas leur retraite, mais leur fuite. Sur la route de Machecoul je rencontrai une colonne de 10.000 hommes qui venaient de l'armée du Nord, et qui brûlaient du désir d'aller exterminer les restes de l'armée de Charette qui était près de rendre le dernier soupir. Au lieu de cela. on lui fit prendre une autre marche.

Je partis pour Brest et je conservai encore des correspondances dans la Vendée. Elles m'apprirent que les habitants se plaignaient de Carrier. Il envoyait chercher dans les campagnes des grains pour alimenter Nantes. Ses commissaires se conduisaient d'une manière très dure et ils répétaient aux habitants que Cartier avait dit qu il ne devait pas y avoir un grain de blé la où il ne devait pas exister un homme. Ces commissaires ont signé ce fait et je l'ai écrit chez moi. De là le soulèvement des habitants de ce pays; de là l'accroissement de la guerre, de là enfin sa continuation.

Je revins à Pans avec mon collègue Lequinio. Le Comité de Salut Public nous demanda des moyens de terminer cette guerre : nous lui dîmes qu'il fallait y envoyer des représentants sévères mais justes et humains; qu'il ne fallait pas toujours tuer mais éclairer. Carnot nous dit : cela est dans mon cœur mais Hentz et Francastel, qui sont à Nantes, pensent qu'il faut brûler et dévaster, et qu'il n'y a pas d'autre moyen de détruire la Vendée. Nous offriment Lequinio et moi d'aller là, de parler à ce peuple et de lui faire entendre justice de la cause contre laquelle on l'avait prévenu.

Pendant que le comité était en suspens pour le parti qu'il devait prendre, il arriva un courrier qui annonça que les représentants du peuple avaient ordonné le brûlement de soixante communes; et ces soixante communes sont peut-être les plus patriotes de toute la République : ce sont celles situées dans le Marais, qui s'étend depuis Fontenay-le-Peuple jusqu'aux Sables et jamais ces hommes-là n'ont souffert un brigand chez eux. Le comité indigné expédia aussitôt un courrier à Nantes, pour suspendre l'exécution de l'arrêté des représentants : mais le courrier arriva trop tard, on avait déjà brûlé deux communes et 60 tonneaux de grains. Eh bien ces braves gens qu'on assassinait ainsi, qu'on brûlait, qu'on pillait, dont on violait les femmes, disaient: ce n'est pas la Convention qui ordonne tout cela.

[Vifs applaudissements]

Nous ne voulons pas le croire. Nous voulons vivre et mourir républicains, ajoutaient-ils. Ils se sont retirés dans les bois et s'y sont bâti des cabanes, en attendant que leurs maisons fussent rétablies.

Hentz et Francastel arrivèrent alors à Paris, et me dirent qu'il n'existait plus de Vendée. Pourquoi y a-t-il encore une armée de 80.000 hommes ? répondis-je. Le Comité m'envoyait contre les chouans; Francastel assura qu il n y en avait plus, et me dit : tu verras à Nantes notre collègue Prieur, qui te dira la même chose que nous. Je ne fus pas à Nantes, et je ne sus pas comment pensait Prieur; mais je trouvai dans la chouannerie une guerre très ardente, très bien organisée, une guerre qui avait des ramifications dans la Mayenne, dans la Sarthe et dans tous les départements voisins; enfin une guerre soudoyée par le gouvernement anglais ainsi que nous l'a appris le portefeuille trouvé de Puisaye, l'un des généraux rebelles. J'ai eu le bonheur de couper tous ces fils mais je n'ai point eu assez de troupes pour empêcher qu'il n'y eut des patriotes égorgés.
On a dit que Dubois-Crancé avait organisé la guerre civile dans ce pays, et moi j'atteste que si Dubois-Crancé n'y fût point passé vous auriez eu à soutenir une guerre très active, une guerre qui se serait alimentée de tous les jeunes gens de la première réquisition que Dubois-Crancé a fait partir au nombre de 40.000.

[On applaudit]

Robespierre avait des intelligences partout : il donnait des places pour tuer les patriotes. Nous avons trouvé un papier qui disait : il arrivera ce mois-ci un événement extraordinaire, les Anglais tenteront une descente, les brigands se porteront à Nantes, dans le Morbihan; en effet Robespierre tâcha d'exécuter son dessein criminel mais il fut écrasé et le même jour 9 thermidor, les brigands se lèvent partout et partout ils sont battus.

Cependant il n'est point douteux qu'un vaste plan de conjuration ait été formé. Le portefeuille de Puisaye, général en chef des chouans, est tombé en nos mains, a dévoilé cette trame entretenue et ourdie par l'Angleterre et les princes. C'est dans le mois de thermidor que devait éclater cette conjuration : elle coïncidait avec celle de Robespierre. Les prisons devaient être ouvertes à Dinan et à... La générale devait battre partout, et les émigrés devaient débarquer entre Cancale et Port-Malo mais malgré une surveillance active plusieurs venus de Jersey y ont débarqué.(version du Journal de France)

Le 9 thermidor, la générale fut battue à Laval, et toutes les troupes des Chouans se levèrent en même temps et le même jour.(version du Journal des Débats et des Décrets)

Quand aux émigrés. il en arrive d'Angleterre entre Cancale et Port-Malo, et malgré la fréquence des patrouilles, il est impossible de l'empêcher; ce qui vous prouvera l'intelligence de Robespierre avec les rebelles c'est que le 9 thermidor on a battu la générale dans les communes révoltées; c'est qu'à Dinan les prisonniers anglais ont ouvert les portes de leurs prisons...(version du Républicain, Journal des Hommes Libres)

Je vous assure qu'avec 15.000 hommes de bonnes troupes vous verrez bientôt la fin de la Vendée : envoyez-y avec cela des hommes probes vertueux et humains; des hommes qui ne se laissent ni égarer. ni corrompre et vous serez bientôt exempts de toute inquiétude. Robespierre tenait dans sa main toutes les sociétés populaires, car ce sont toujours quelques intrigants qui les mènent partout; et lorsqu'un représentant arrivait dans une ville il allait à la société populaire; il lui demandait de lui indiquer des hommes probes en qui il pût placer sa confiance : on lui donnait des intrigants, des fripons, des gens qui ont commis les plus grandes atrocités. Le peuple savait tout cela, mais le peuple n'avait pas la force de parler et d'éclairer son représentant sur les choix qu'on lui faisait faire. Il faudrait aussi renouveler entièrement toutes les autorités constituées de ce pays, car elles ne sont composées que de brigands, de voleurs, d'intrigants, qui ont aussi usurpé la confiance. Il faut enfin mettre la justice à l'ordre du jour dans ces contrées; si vous ne prenez ce parti, vous n'en finirez jamais.

[On applaudit]

On a aussi, dit l'opinant, accusé Dubois-Crancé et Dubois-Crancé a rendu les plus grands services en faisant partir les jeunes gens de la première réquisition, qui grossissaient la Vendée. L'opinant termine par assurer que les vrais moyens de terminer la guerre de la Vendée, c'est d'y envoyer quinze mille hommes disciplinés. et des représentants fermes, justes, probes et humains

[Vifs applaudissements]

Et surtout d'employer les voies de la persuasion pour ramener les habitants égarés et abusés...(version du Journal des Débats et des Décrets)

CARNOT : D'après l'explication que vient de donner Laignelot je n'ai qu'un mot à ajouter sur ce que dit Maignen. Deux systèmes ont été proposés au Comité de Salut Public; le premier, pour terminer la guerre de la Vendée par la force des armes; le second d'employer la douceur pour ramener les esprits et c'était le mien. C'a toujours été avec douleur que j'ai soutenu, vis-à-vis de mes collègues qui venaient me parler de la Vendée et des moyens de finir cette guerre, une opinion contraire à la mienne; mais c'était celle de la majorité du Comité. J'ai plusieurs fois tenté de faire changer de système au Comité mais inutilement. Il est un autre fait. Le général Huchet fut dénoncé au Comité de Salut Public pour des cruautés qu'il avait exercées dans la Vendée; et par suite de cette dénonciation mis en état d'arrestation; arrivé au Comité de Salut Public, Robespierre le défendit, et il fut renvoyé à l'armée avec un grade supérieur, que je fus obligé de signer malgré mon opposition.

Tout le monde connaît la haine que me portaient Robespierre et Saint-Just: après leur chute, je fis adopter au Comité des mesures moins rigoureuses, la députation de la Vendée peut l'attester. Ce fut moi qui fis marcher 10.000 hommes bien disciplinés de l'armée du Nord : ce moyen me parut nécessaire pour terminer cette malheureuse guerre.

MERLIN (de Thionville) : Tant que le plan de Carnot a été suivi, nous avons été victorieux dans la Vendée; quand on a tué et volé, nous avons été battus.

CARNOT : Je dois dire, pour tranquilliser la République sur les suites de cette guerre, que des représentants du peuple, envoyés dans la Vendée sont chargés de mettre à exécutions les arrêtés du Comité de Salut Public, et que la guerre touche à sa fin. Il y a dans la Vendée 60.000 hommes, c'est plus qu'il ne faut pour détruire les brigands; dans l'armée des Côtes de Brest, 73.000 hommes empêchent les Anglais de faire une descente sur notre territoire; 18 mille hommes composent l'armée des Côtes de Cherbourg; au reste, le meilleur moyen de finir cette guerre est peut-être la discussion qui vient d'avoir lieu, car elle prouve à la France que la justice est vraiment à l'ordre du jour dans la Convention nationale.

DUQUESNOY : Non seulement le général dont a parlé Carnot était soutenu au Comité de Salut Public mais Turreau l'était aussi; lorsque nous le dénonçâmes, Robespierre le défendit. Cependant il est la seule cause de la retraite des bons généraux, qui disaient-ils, ne voulaient pas combattre avec un coquin.

On demande. de toutes parts l'arrestation du général Turreau.

DU ROY dit que Robespierre soutenait Turreau ainsi que Huchet.(version du Journal des Débats et des Décrets)

LEQUINIO : Robespierre a empêché qu'on fit à la tribune de la Convention le rapport de ce qui se passait dans la Vendée; cinq ou six généraux ont organisé cette guerre; quelques-uns de nos collègues ont pensé qu'il était politique de laisser courir le bruit qu'elle était terminée; mais la séance d'aujourd'hui en faisant connaître de grandes vérités, est une victoire remportée sur les brigands.

Il y a quatre mois je vins ici avec un mémoire dans lequel je faisais connaître ce qui avait amené cette guerre, et les moyens de la finir. Je présentai mon mémoire au Comité de Salut Public; Carnot fut frappé des grandes vérités qu'il contenait; cependant Robespierre les étouffa et empêcha l'exécution des mesures que je proposais.

Citoyens, plusieurs moyens vous restent pour terminer cette malheureuse guerre. La persuasion n'a pas encore été employée; il faut à la force joindre la douceur; il faut que vos représentants se popularisent et aillent dans les communes éclairer le peuple. Je demande que la Convention me permette de faire imprimer le mémoire que j'ai déposé au Comité de Salut Public.

DELAUNAY : Avant que cette discussion finisse je dois faire connaître à la Convention une lettre qui lui prouvera qu'avec de la clémence et de la douceur on terminera cette guerre. La voici c'est un membre de la société populaire de Saumur qui écrit.

CARRIER : Citoyens, vous n'avez pas perdu de vue sans doute que toutes ces atrocités dont on vient de parler ont été commises depuis mon départ...

[Murmures]

On demande à nouveau l'arrestation du général Turreau.

BILLAUD-VARENNE : Citoyens, la vérité est que le système du Comité de Salut Public a toujours été contraire aux mesures de rigueur...

[Violents murmures]

A la tribune, crie-t-on. Billaud monte à la tribune; il continue.(version du Journal des Débats et des Décrets)

Pour bien juger la conduite du comité il faut vous rappeler qu'au moment de sa formation la Vendée était forte de 100.000 hommes et qu'il fallait combattre les rebelles avec vigueur...

Oui, s'écrient plusieurs membres,. mais non les égorger.

Je ne parle pas ici d'égorgement, jamais vous ne trouverez une pareille mesure dans les arrêtés du Comité.

Plusieurs délibérations relatives à la Vendée ont eu lieu dans le Comité de Salut Public, en présence des députés de ce département; ils peuvent dire si l'on n'a pas toujours repoussé avec horreur les mesures...

DELAUNAY : C'est faux.

CLAUZEL : Carnot vient de dire la vérité

BILLAUD-VARENNE : Voici un fait que Carnot ne démentira pas. C'est que quand le Comité de Salut Public a été instruit que contre son vœu Turreau commettait des infamies dans la Vendée, sa destitution a été demandée; nous n'avons pu l'obtenir que quand Robespierre a cessé de venir au Comité.

Plusieurs voix : Il fallait en instruire la Convention .

BILLAUD-VARENNE : .Je viens de citer un fait positif, Carnot peut s'expliquer.

CARNOT : Je dois à la justice de dire que Billaud a constamment été opposé au système de Robespierre; qu'il a demandé l'arrestation de Rossignol, et qu'il a beaucoup contribué à nous désiller les yeux sur la guerre de Vendée.

[Applaudissements unanimes]

BILLAUD-VARENNE : La vérité est encore que c'est contre le voeu du Comité que Turreau se trouve encore en fonction : la Convention nationale qui a mis la justice à l'ordre du jour, doit se lever en masse pour le décréter d'arrestation.

[On applaudit]

MERLIN (de Thionville) : La Convention Nationale doit être instruite de tout. Je demande que la correspondance des représentants du peuple avec le Comité de Salut Public, celle des généraux, et les rapports faits à cette tribune sur la Vendée, soient imprimés.

[On applaudit]

Cette proposition est adoptée.

DU ROY: Il ne faut pas que cette séance, si utile pour la République, soit infructueuse pour la justice distributive; je demande l'arrestation de Turreau.

Un membre : Il y a environ dix mois j'ai déposé au Comité de Salut Public une dénonciation des autorités constituées de Parthenay, dans laquelle on accusait le général Grignon d'avoir fait fusiller une municipalité en écharpe, qui venait fraterniser avec l'armée. Cette dénonciation porte aussi que ce Grignon a fait fusiller le père et le fils, qui venaient lui demander justice contre quelques soldats qui avaient violé la fille et la soeur de ces citoyens. Je demande son arrestation, ainsi que celle de Huchet et de Turreau.

Goupilleau observe que Huchet est dans ce moment au Tribunal révolutionnaire

Sur l'observation de Richard que Turreau est dans ce moment à Belle-Isle, il est décrété qu'un courrier extraordinaire y portera le décret d'arrestation.(version du Journal de France)

On demande aussi l'arrestation du général Carpentier.

ALQUIER : Je demande à faire connaître à l'Assemblée un fait contre le général Turreau, qui est maintenant dans l'armée des Côtes de Brest; le voici : Turreau a chargé Dodun, aide de camp du général Moulins d'un ordre ainsi conçu :

"Le général Moulins se portera avec la colonne gauche sur Mortagne, fera désarmer et égorger sans distinction d'âge et de sexe, tout ce qui se trouvera sur son passage"

[Un mouvement d'horreur se manifeste dans toute l'assemblée]

Aux voix l'arrestation de Turreau ! s'écrie-t-on de toutes parts.

On demande aussi l'arrestation des généraux Huchet et Grignon.

L'Assemblée la décrète.

On demande que les décrets que la Convention vient de rendre soient expédiés sur-le-champ et envoyés par des courriers extraordinaires.

Cette proposition est adoptée.

La Convention nationale décrète que le général Turreau sera mis en arrestation, et que le Comité de Salut Public enverra le décret par un courrier extraordinaire.

Un membre demande que la Convention décrète aussi d'arrestation le général Carpentier. Cette proposition est admise comme il suit :

La Convention nationale décrète que le général Carpentier sera mis en arrestation.

BODIN : Citoyens, si vous voulez finir la guerre de la Vendée. il faut rétablir l'ordre dans les troupes, et pour cela il faut avoir des généraux fermes et probes. Il n'existe aucune discipline dans l'armée; on vous a parlé du camp de la Rivière qui a été forcé : eh bien! apprenez citoyens, que tandis que les brigands attaquaient ce camp les officiers étaient à se divertir à Nantes.

Je demande l'arrestation de Huchet...

Plusieurs voix : Elle est décrétée.

Je demande aussi celle du général Carpentier ci-devant curé de Saumur; cet homme a commis des horreurs qui ont obligé les habitants des Sables d'Olonne de se retirer dans les bois; ils ne sont rentrés dans leurs foyers que quand Carpentier n'était plus dans ce pays.

L'arrestation du général Carpentier est décrétée.

Un membre donne des renseignements sur la conduite de Carpentier, et demande le rapport du décret et le renvoi au Comité de Salut Public, pour examiner les plaintes contre lui.

La Convention rapporte le décret d'arrestation, et renvoie au Comité de Salut Public, pour examiner les plaintes portées contre Carpentier.

LAIGNELOT : Je dois dire ce que j'ai vu de Carpentier à l'affaire du Mans; il s'est battu en brave homme et il a les principes d'un vrai républicain. Je demande le rapport du décret que la Convention vient de rendre, et le renvoi au Comité de Sûreté Générale.

Cette proposition est adoptée.

A la suite de ce débat, la Convention Nationale vote une série de décrets :

CONVENTION NATIONALE

du 8 vendémiaire an III

Décret portant que le Comité de Salut Public fera, dans le plus bref délai,
un rapport sur la conduite qu'ont tenue les généraux dans la guerre de la Vendée

Sur la proposition d'un membre, la Convention Nationale décrète que son Comité de Salut Public lui fera, dans le plus bref délai, un rapport sur la conduite qu'ont tenue les généraux dans la guerre de la Vendée, et celle tenue par les commissions militaires dans les départements de l'Ouest.

Décret portant que le général Thureau sera mis en arrestation

La Convention Nationale décrète que le général Thureau sera mis en arrestation, et que le comité de Salut Public enverra le décret par un courrier extraordinaire.

Décret de renvoi au Comité de Sûreté Générale, relatif au général Carpentier

La Convention Nationale décrète que le général Carpentier sera mis en arrestation.

Un membre donne des renseignements sur la conduite de Carpentier; il demande le rapport du décret et le renvoi au Comité de Sûreté Générale, pour examiner les plaintes contre lui.

La Convention rapporte le décret, et renvoie au Comité de Sûreté Générale, pour examiner les plaintes portées contre Carpentier.

Inculpé avec son collègue Francastel, le Représentant Hentz se présente le lendemain 9 vendémiaire à la barre de la Convention et se défend des accusations portées contre lui :

CONVENTION NATIONALE

SEANCE DU 9 VENDEMIAIRE AN III (30 SEPTEMBRE 1794)

Le représentant du peuple Hentz obtient la parole sur ce qui fut dit dans la séance d'hier relativement à la guerre de la Vendée : il déclare qu'il est étranger aux horreurs qui ont pu être commises dans ce pays.

HENTZ : Je viens donner à la Convention des éclaircissements sur ce qui a été dit hier dans la séance à l'occasion des horreurs commises dans la Vendée. J'ai été inculpé avec mon collègue Francastel. voici ce qui s'est passé :

Le général Turreau imagina, au commencement de l'hiver, de vouloir détruire entièrement les brigands. Il ne restait alors à Charette que 3 ou 400 hommes. Turreau divisa son armée en douze colonnes, qui avaient ordre de tout brûler. Qu'arriva-t-il ? Le peuple se révolta; plusieurs de nos postes furent égorgés, les rebelles reprirent Cholet; on se battit à Vezins qui est auprès : nous eûmes le désavantage. C'est alors que le Comité de Salut Public nous envoya Garrau et moi. Si donc Turreau a égorgé des femmes et des enfants. nous n'y avons point eu de part, puisque nous n'avons été envoyés qu'après que le mal a été commis. Qu'avons-nous fait ? Nous avons pris un arrêté pour inviter tous les bons citoyens à se réunir à vingt lieues des départements ravagés, afin d'isoler les brigands pour les détruire avec plus de facilité. Nous avons promis à ces malheureux habitants des secours de la part de la République. Nous avons envoyé des prisonniers avec des passeports, en leur disant : retournez auprès de vos camarades, engagez-les à nous livrer leur chef, nous leur donnerons leur grâce à tous. Nous avons fait une tournée dans la Vendée; nous déclarons que nous n'avons pas vu égorger un seul homme, nous ne l'aurions jamais souffert. Voici comme nous écrivions à Turreau : "Songe que quelque parti que tu prennes, tous, à l'exception de la victoire, t'exposent à une responsabilité terrible".

A Angers, on nous amena une femme habillée en homme que l'on avait prise les armes à la main; elle était de l'armée du brigand Stofflet; nous la renvoyâmes de même, pour qu'elle déterminât les rebelles à quitter les armes, en leur promettant de notre part l'oubli de leur rébellion.

Quand aux généraux, nous étions loin de les soutenir après avoir parcouru nous-mêmes la Vendée, mais sans y avoir vu tuer un seul homme, si ce n'est dans les combats, nous fûmes peu contents de la conduite du général en chef et nous lui écrivîmes qu'il ne pouvait reculer plus longtemps la destruction de cette guerre, sans appeler sur sa tête la responsabilité la plus grande.

Hentz donne ici lecture de cette lettre.]

Nous déclarons encore que nous n'étions pas contents des généraux, mais nous n'en avions pas d'autres. On dit qu'il y a un arrêté de nous pour faire brûler 60 villages : nous disions au contraire à Turreau: tu ne brûleras que ce qui est indispensable à la destruction des brigands.
Nous vous devions des explications, parce que les journaux retentissent des horreurs vomies contre nous. Quand aux alarmes que l'on cherche à répandre, nous vous assurons qu'il n'y a que les partisans de l'aristocratie qui puissent vouloir donner de la consistance à cette guerre; elle ne peut plus devenir dangereuse pour la République.

Bientôt au reste, je vous présenterai un rapport : je n'ai qu'un mot à ajouter, c'est que la guerre de Vendée n'a point de consistance politique, et qu'on a voulu persuader qu'elle en avait, qu'afin d'y rallier tous les amis de la royauté.

BENTABOLE : Quelles que soient les explications données par notre collègue, il est certain qu'il y a peu de représentants envoyés dans la Vendée auxquels on n'ait des reproches à faire. Nous devons suspendre notre jugement jusqu'au rapport que la Convention a chargé ses comités de lui présenter sur cet objet. Je dois le dire, notre collègue Hentz a pris aussi des mesures barbares qui ont déshonoré nos armes; il existe de lui un arrêté, qui a été imprimé en allemand, par lequel il ordonnait de brûler une ville entière. parce qu'il s'y trouvait des aristocrates. Est-ce en agissant avec cette cruauté qu'on peut faire aimer, bénir la Révolution ? Je n'accuse pas les intentions de notre collègue, mais il pourrait bien avoir des reproches à se faire. Je demande le renvoi aux comités.

Hentz a aussi déclaré que les départements du Rhin et de la Moselle étaient en contre-révolution, ce qui ne pouvait qu'alimenter les espérances de nos ennemis, et décourager les patriotes. Hentz observe que ce dernier fait est étranger à la question et qu'il y répondra quand il sera temps. Quand à la ville dont il a ordonné le brûlement, il déclare qu'il n'a donné cet ordre que pour sauver les bataillons.

Francastel demande aussi à se justifier, mais on réclame le renvoi du tout aux comités chargés du rapport à faire.]

Hentz appuie lui-même le renvoi, et déclare qu'il fait imprimer un rapport qui le justifiera pleinement et son collègue Francastel de tous les faits qui leur sont imputés. Le renvoi est décrété.]

Cette déclaration est renvoyée au comité de Salut public.

Dans cette même séance, un décret est pris concernant Huché et Grignon.

Sur la proposition d'un membre : ROUX, La Convention nationale décrète que Heuchet et Grignon, généraux à l'armée de l'Ouest, seront mis en état d'arrestation.

Roux observe que la Convention, justement indignée des horreurs commises à la Vendée, décréta d'arrestation Turreau, Grignon et Huchet; cependant je ne vois dans le décret que le nom de Turreau; il peut se faire que l'assemblée s'étant prononcée unanimement, le décret n'ait pas été entendu par le bureau; je demande que les noms de Grignon et Huchet soient rétablis dans le décret.

Adopté

CONVENTION NATIONALE

du 9 vendémiaire an III

Décret portant que Heuchet et Grignon, généraux à l'armée de l'Ouest seront mis en arrestation

La Convention nationale décrète que Heuchet et Grignon, généraux à l'armée de l'Ouest, seront mis en état d'arrestation

Suite à sa mise en accusation, Turreau vient s'expliquer devant la Convention, en chemin il écrit :

De Laval, le 9 octobre 1794 : Le général Turreau, au président de la Convention nationale.

Je me rends à Paris avec toute la promptitude que peut comporter ma santé affaiblie par de longs travaux; mais je crains de n'être point entendu du comité avant le rapport qu'il doit faire à la Convention, Le jour de la justice est arrivé pour moi; loin de le redouter, je brûle de voir le moment où il me sera permis de me justifier enfin de toutes les dénonciations faites contre moi depuis longtemps. Quand on peut prouver des intentions pures, on ne doit s'attendre à trouver que des défenseurs dans le sein de la Convention nationale.

Adresse à la Convention Nationale, jointe à cet envoi

Je m'indigne d'être dénoncé comme complice ou prosélyte d'un conspirateur que je n'ai jamais connu. Je suis si fort du sentiment de ma conscience, que je voudrais pouvoir être jugé par le représentant même qui m'a dénoncé. On a tronqué les faits les plus importants; on a supposé des ordres que je n'ai jamais donnés, que toute ma correspondance démentira. On m'impute des atrocités que j'ai cherché à prévenir et dont j'aurais sévèrement puni les auteurs, si j'en eusse été le témoin. Je ne fus jamais un lâche assassin, et, pour me justifier aux yeux de la Convention nationale, il me suffirait de lui présenter la lettre que j'ai écrite au comité de salut public le 29 frimaire (19 décembre 1793), dans laquelle je proposais une proclamation dont le but eût été d'encourager, par l'espoir du pardon, la désertion qui s'était manifestée parmi les brigands lors de leur passage à Ancenis, proclamation qui aurait produit le meilleur effet sur la rive droite et peut-être même sur la rive gauche de la Loire Cette lettre resta sans réponse; et peu de jours après qu'elle fut écrite, ces brigands furent condamnés par différents comités ou commissions, particulièrement à Angers, qui refusèrent d'en conférer avec moi.

J'avais calqué les mesures que j'ai employées sur le décret du 1er. août 1793; les représentants Bourbotte, Francastel et Turreau avaient approuvé mes opérations.

Les représentants Garrau, Francastel et Prieur de la Marne ont pris un arrêté relatif aux libelles répandus dans Nantes sur l'évacuation de Mortagne.

Avant que le comité de salut publie fasse son rapport, je demande à être entendu; je donnerai des renseignements sur cette guerre malheureuse qui n'est pas encore connue. Je prouverai quelle était la force des brigands à mon arrivée à l'armée de l'Ouest; je prouverai qu'on avait trompé la Convention en assurant que toutes leurs forces étaient sur la rive droite de la Loire et qu'on avait détruit jusqu'au dernier de quatre-vingt mille combattants; je dirai quelles étaient les ressources des brigands sur la rive gauche, et j'invoquerai à cet égard le témoignage de Garrau, Francastel, Hentz et Prieur de la Marne, qui ont entendu la Cathelinière dire que les dernières mesures adoptées pour la destruction de son parti l'avaient réduit à la plus cruelle situation. L'établissement des camps ne pouvait qu'accélérer sa ruine et s'il s'est opéré des changements dans l'armée de l'Ouest depuis mon départ, on ne peut m'en rendre responsable.

Mais à son arrivée, il est emprisonné au Luxembourg d'où le 3 janvier 1795 il écrit à nouveau à la Convention :

Citoyen représentant

Un décret de la Convention Nationale m'a assimilé aux brigands dévastateurs qui naguère déshonoraient la République en outrageant l'humanité; ce même décret a ordonné un rapport sur la conduite des officiers généraux de l'armée de l'ouest.

Quelque affligeant que fut pour mon cœur le 1er article du décret, le second me rendit l'espoir et la force; je supportai avec résignation les rigueurs d'une détention imméritée. Mais un plus long silence passerait peut-être pour un aveu tacite des forfaits que la calomnie a osé m'imputer, dans un moment surtout où la convention veut enfin connaître ses amis et ses ennemis.

Déjà deux généraux injustement proscrits viennent d'être rendus à l'honneur et à la liberté. Moi seul en vain demande justice. je me vois oublié, calomnié et emprisonné sans pouvoir me procurer les pièces nécessaires à ma justification. A mon arrivée à Paris j'écrivis à la convention; depuis j'ai écrit deux fois au comité de salut public, et le tout sans réponse. Aujourd'hui je réclame avec force un droit imprescriptible celui d'être entendu. Ma justification sera comme ma conduite simple et sans art.
Pour prouver ce que j'avance je ne demande que l'examen des papiers qui furent arrêtés lors de mon entrée au Luxembourg avant même de me les faire remettre, lisez, consultez, examinez, soit en ma présence, soit en mon absence, ma confiance est dans vous. Songez représentants que lors de mon arrestation à Belle Isle mes papiers ne furent point séquestrés, songez qu'il m'eut été facile de les soustraire, songez que depuis j'aurais pu imitant les folliculaires afficher, placarder etc mais sachez que fort de ma conscience j'ay acquis le droit de mépriser ces vils moyens : le crime veut un voile, l'innocence marche nue.

J'ay été faussement et cruellement inculpé à la Convention Nationale; c'est au sein de la convention que votre rapport et ma voix feront entendre la vérité. La France a vu la honte dont on a essayé de me couvrir, la France saura la gloire qui suivra ma défense, elle apprendra sans doute avec intérêt et surprise que ce Turreau qu'on accuse de férocité a proposé une amnistie semblable à celle d'aujourd'hui, le 29 frimaire 2° année, amnistie qui après la fameuse défaite de Savenay eut été aussi humaine que politique. Lorsque je demandais des ordres, des plans, des conseils, des ressources, lorsque je communiquais avec fraternité mes opérations, mes espérances ou mes craintes, lorsque enfin j'annonçais une réunion formidable de brigands; la France sans doute sera étonnée en apprenant que c'était d'après ces lettres officielles que l'impudence disait à la tribune qu'il n'existait plus de Vendée et que de grandes mesures avaient été prises. Eh ! Qu'elles étaient ces mesures. Si sous huit jours (m'écrivait-on) tout n'est pas exterminé dans la Vendée, songe à ta responsabilité. Le sang de Biron fume encore et l'échafaud t'attends. L'échafaud, encore l'échafaud et toujours l'échafaud.

Quant aux autres inculpations ma réponse se trouve dans ma correspondance.

Je me résume donc à ces deux démarches :
1° mes papiers
2° un rapport sur ma conduite

Je serais peut-être fondé à demander mon élargissement sous la garde de deux gendarmes pour vaquer aux soins qu'exigent ma santé et ma justification; mais je ne veux composer en rien avec le jugement que je réclame.

Enfin, Citoyens représentants j'en appelle à vos cœurs, innocent j'ai languis trop longtemps; coupable vous avez trop tardé à frapper un méchant.

Je vous demande une réponse à ma juste demande. Il n'y a que les tyrans qui étouffent l'accent de l'accusé; sous l'empire de la liberté, il doit être écouté.

Ecoutez-moi ?

D'autres généraux font publier des textes pour se disculper :

- Grignon fait imprimer sans doute vers la fin de 1794, chez la citoyenne Herissant un "Mémoire pour Grignon Général Divisionnaire de l'Armée de l'Ouest".

- Cordellier, accusé d'avoir fait fusiller la municipalité de La Jumelière écrit au Comité de Salut Public le 25 octobre 1794, il fera publier une "Réponse" aux accusations portées contre lui quelques mois plus tard.

Pour ceux qui sont intéressés, ces textes ont été publiés par D. et S. Lambert de La Douasnerie (2/4 avenue de la Gare, 49123 Ingrandes sur Loire) dans le cahier n° XXII de "Paroisses et Soldats de l'Armée Vendéenne"

Le 19 juillet 1795 Turreau fait imprimer une adresse à la Convention Nationale (j'ai retrouvé le document imprimé et ce qui fut sans doute son brouillon) :

Document manuscrit (AN cote AF/II/412/3322 doc 25)
     
Document imprimé (AN cote AD/??/79)
     


Turreau avant la révolution avait l'estime et la confiance de ses concitoyens : il fut dans les commencements commandant de la Garde Nationale du lieu de sa résidence. Ensuite Chef de Légion, électeur. On sait quelle fut sa conduite dans ces différentes places... Le danger de la Patrie proclamé, il abandonne tout : commerce, femme, enfants pour voler aux frontières à la tête du troisième bataillon de l'Eure; qu'on se rappelle l'affaire d'Arlon : son courage et ses talents développés à cette époque lui méritèrent l'avancement qu'il obtint par la suite........ appelé comme Général de Brigade à la Vendée il y a mérité l'estime de ses chefs et des représentants qui lui ont signé les certificats les plus honorables. Le citoyen Richard, maintenant à l'Armée du Nord est de ce nombre ..... Sans avoir fait aucune démarche indigne de lui, il fut promu au commandement en chef de l'Armée des Pyrénées Orientales; il refusait, on le força d'accepter. Qu'on cherche dans les cartons du Comité de Salut Public et du Ministre d'alors, on verra les efforts qu'il a fait pour lutter contre la faction qui voulait tout désorganiser, dont l'ignorance et la trahison ont fini par occasionner les malheurs qu'il avait prédits et dont il eut préservé cette armée si on ne l'eut pas fait changer de commandement. Il profite de cette occasion pour demander à redevenir simple général de brigade; il venait solliciter cette grâce à Paris lorsqu'on lui donne en route l'ordre d'aller commander l'Armée de l'Ouest. Il y reste six mois, est destitué par Robespierre et enfin envoyé ou plutôt exilé à la tête de six mille hommes qui formaient la garnison de Belle Isle en Mer.






Lorsque la Convention eut secoué le joug sous lequel elle gémissait depuis un an, elle a recherché tous les hommes qui avaient pu être les complices de son tyran. Elle crut surtout les trouver dans ceux qui avaient commandé dans la Vendée.
Plusieurs représentants font part des dénonciations qui leur ont été faites sur le Général Turreau, des ouï-dire sont pris pour des faits positifs, les accusations les plus absurdes sont lancées au hasard et la Convention par un mouvement spontané décrète l'arrestation de Turreau mais dans sa rédaction la loi constamment juste fait espérer à cet homme une prompte justification.
Le Comité de Salut Public doit faire imprimer la correspondance des Représentants, et sous huit jours présenter le rapport réfléchi fait pour éclairer la Convention.

Turreau arrive fort de son innocence et de la preuve que sa correspondance peut en donner : il se prépare à se justifier, il demande ses papiers dans sa prison, on les lui envoye, mais quoi on les arrête, on réclame, pas de réponse, on est instruit qu'un gendarme a dû les porter au Comité de Salut Public, et le rapport annoncé n'arrive point. Enfin pendant huit mois Turreau crie en vain à l'injustice. La Commission de la Guerre, le Comité de Salut Public, celui de Sûreté Générale ont également enseveli dans l'oubli les innombrables pétitions qu'il a présentées... Fut-il le plus scélérat des hommes, lui en devrait-on moins jusqu'à ce que la hache de la loi eut frappé sa tête coupable. La restitution de ses papiers, ne sont-ils pas sa propriété ? ne serait-ce pas une double injustice envers la société, envers l'accusé de ne l'avoir pas déjà puni de ses crimes...
Rien, non rien ne peut légitimer l'acte arbitraire qui ravit à un accusé les moyens de se disculper, ainsi en agit le despotisme, aussi le despote ne juge pas, il assassine ...

Mais si Turreau est faussement accusé, ou si son arrestation est une légèreté que le rapport promis dans la huitaine pouvait réparer, la justice et l'humanité sont également révoltés de la conduite qu'on tient à son égard et de la prolongation de sa captivité...

Un extrait ne peut contenir les immenses détails nécessaires pour prononcer la perfidie des calomnies dont quelques représentants ont été les organes innocents : mais voici ce que Turreau prouvera que le gouvernement d'alors l'a voulu sacrifier en l'envoyant malgré lui commander dans la Vendée ... qu'après la bataille où l'impudence a proclamé en tous lieu la fin de la guerre, il existait encore une armée formidable de brigands ... que le 29 frimaire lorsque plusieurs furent se rendre à Angers et à Nantes il proposé au Comité de Salut Public la grâce de tous ces hommes, leur renvoy dans leurs campagnes et l'amnistie telle qu'elle vient d'être accordée, que la seule réponse du Comité fut des menaces de mort s'il ne marchait pas sur le champ pour tout exterminer; qu'il exigea des ordres des Représentants ou des instructions des Comités qui lui furent également refusés, que pendant ce temps, on égorgea à Angers et à Nantes par ordre des comités révolutionnaires tous les prisonniers ... que forcé par cette atrocité de faire avec le reste des brigands une guerre à mort, il n'a cependant donné d'autres ordres, que ceux qui résultaient du décret du 1er août relatif aux mesures à adopter pour terminer cette guerre ... C'est à dire enlèvement des subsistances, fourrages, évacuation libre et protégée de toutes les femmes, enfants et vieillards sur les derrières; mais incendie de tout ce qui pouvait servir de repaire aux rebelles et fusillade de tous ceux qui se présenteraient pour combattre ...

Il prouvera que jamais il n'a trompé le Comité sur l'état de la Vendée et qu'on proclamait à la tribune le contraire de ce qu'il mandait, qu'il a pu faire parvenir des récits d'avantages exagérés dans des affaires, mais que des généraux inférieurs l'attestant, il ne pouvait se refuser à en être l'organe; qu'au surplus le Comité, les Représentants du Peuple lors du commandement de Turreau n'ont jamais donné de plan pour terminer la guerre; que les seules mesures qu'ils prenaient étaient de donner l'ordre à Turreau d'exterminer les brigands sous un court délai fixé, sous peine de mort; l'échafaud t'attend lui disait-on si la Vendée se prolonge encore, l'échafaud, encore l'échafaud et toujours l'échafaud

Il prouvera que sans l'extrême clarté qu'il a mise dans sa conduite, il eut fini par y être traîné par des hommes indignés de le voir si peu propre à seconder leurs infâmes projets ... il prouvera que lorsque Robespierre ou les députés ses complices, ou ses agents l'eurent fait partir de la Vendée, les brigands n'avaient plus de ressources, ni de consistance politique, que l'inertie de ceux qui lui ont succédé leur a donné de l'importance qui a fini par les conduire à traiter avec la république ...

Sa conduite ainsi justifiée quant aux opérations en grand qui se sont faites dans la Vendée, les ordres qu'il a donné, calqués sur les principes les plus purs et la stricte nécessité. Toutes ces horreurs de détails dont tous les journaux et pamphlets ont sali leurs pages mercenaires cesseront de peser sur la tête; ils les a défendues, prévenues, il en a puni quelques auteurs; c'est assez prouver combien il répugnait à son cœur généreux de verser un sang inutile ... mille autres accusations telle que celle d'avoir voulu faire les Sables d'Olonne, passer les habitants au fil de la bayonette tomberont d'elle-même, elles n'ont pu être inventées que par des imbéciles qui ne savent pas que les Sables par exemple est le poste le plus important du pays et qu'un fou seul pourrait en rêver la destruction ...

Mais qu'on rende à Turreau ses papiers, qu'on en fasse auparavant l'examen et le rapport qui en résultera achèvera bientôt de dissiper ce vernis d'atrocités dont on l'a couvert sans qu'il ait pu s'en défendre.

La crainte de voir une pareille discussion compromettre tel ou tel représentant ne doit point arrêter le cous de la justice. La Convention a prouvé qu'elle savait s'élever au dessus de ces ménagements. La polémique ne commande pas davantage le silence qu'on garde sur cette affaire.
Turreau depuis la Révolution étranger à tous les partis, n'eut jamais assez d'influence pour devenir dangereux; aucune des factions écrasées n'a pu le compter dans ses partisans.

Une dernière réflexion ... les brigands ont leur grâce et les généraux qui ont dû les combattre gémissent dans les prisons; ne devraient-ils pas profiter des effets de l'indulgence nationale quoiqu'ils ne réclament et n'ont besoin que de la plus rigoureuse justice, n'exige-t-elle pas qu'au moins Turreau dont la santé est entièrement détruite par les fatigues de la guerre et la plus dure captivité puisse sous la garde de deux gendarmes recevoir chez lui les soins des amis qui convaincus de la pureté de son cœur, survivent à tous ses malheurs.

     
Avant la révolution, j'avais l'estime et la confiance de mes concitoyens; et la calomnie cherche à me déshonorer ! Dés le principe je fus Commandant de la Garde Nationale, Chef de Légion, et Electeur dans mon Canton; et dans toutes ces places, ma conduite fut irréprochable. Aux premiers cris de la Patrie en danger, j'abandonnai femme, enfants, commerce, pour voler aux frontières à la tête du 3e Bataillon de l'Eure, j'eus le bonheur de fixer les yeux des chefs à l'affaire d'Arlon; bientôt je fus appelé comme Général de Brigade à la guerre de la Vendée. Des preuves non équivoques attestent ma conduite dans ces différents postes : Généraux, Représentants, tous m'ont estimé et m'ont donné des certificats honorables. Le citoyen Richard, maintenant à l'armée du Nord, est de ce nombre. Sans avoir fait aucune démarche indigne de moi, je fus promu au commandement en chef des armées des Pyrénées Orientales; je refusai; on me força d'accepter.
Qu'on cherche dans les cartons du Comité de Salut Public et du Ministre d'alors, on verra les efforts que j'ai fait pour lutter contre la faction qui voulait tout désorganiser, dont l'ignorance et la trahison ont fini par occasionner les malheurs que j'avais prédits et dont j'eus préservé cette armée si on ne m'eut pas fait changer de commandement. Je profitai de cette occasion pour demander à redevenir simple Général de brigade; je venais solliciter cette grâce à Paris lorsque je reçus en route l'ordre d'aller commander l'Armée de l'Ouest. J'y restai quatre mois; j'y fus destitué par Robespierre et enfin envoyé ou plutôt exilé à la tête de six mille hommes qui formaient la garnison de Belle Isle en Mer. Le Général Moulins qui commandait alors l'armée des côtes de Brest, a constaté par un certificat authentique les services que j'ai rendus à la chose publique dans cette Isle, en y ajoutant des travaux qui doivent la rendre imprenable, si elle est défendue par un officier général assez instruit pour savoir profiter de ces nouvelles fortifications.

Lorsque la Convention eut secoué le joug sous lequel elle gémissait depuis un an, elle rechercha tous les hommes qui avaient pu être les complices de son tyran. Elle crut surtout les trouver dans ceux qui avaient commandé dans la Vendée. Plusieurs représentants firent part des dénonciations qui leur ont été faites sur moi, des ouï-dire furent pris pour des faits positifs, les accusations les plus absurdes furent lancées au hasard et la Convention décréta mon arrestation sur la motion de BILLAUD VARENNES, et ordonna que "le comité de Salut Public ferait imprimer la correspondance des Représentants, et sous huit jours présenterait le rapport réfléchi qui devait éclairer la Convention".

Depuis dix mois j'attends en vain ce rapport.


Arrivé dans la prison du Luxembourg, fort de mon innocence et de la preuve que ma correspondance pouvait en donner; je me préparai à me justifier. Je demandai mes papiers dans ma prison, mes amis me les adressent. Mais quoi !... On les arrête!... Je suis instruit qu'un gendarme a dû les porter au comité de Salut Public; je les réclame, point de réponse et le rapport annoncé n'arrive pas ! Et depuis dix mois je crie en vain à l'injustice ! et la commission de la Guerre, le comité de Salut Public, celui de Sûreté Générale ont également enseveli dans l'oubli les innombrables Pétitions que j'ai présentées !!!... Quand je serais le plus scélérat des hommes, m'en devrait-on moins la restitution de mes papiers, jusqu'à ce que la hache de la loi eut frappé ma tête coupable ? Ne sont-ils pas ma propriété ? Ne serait-ce pas une double injustice envers la société de ne m'avoir pas encore puni de mes crimes ?... Rien, non rien ne peut légitimer l'acte arbitraire qui ravit à un accusé les moyens de se disculper, ainsi en agit le despotisme, aussi le despote ne juge pas, il assassine ...


Mais si je suis faussement accusé, ou si mon arrestation est une légèreté que le rapport promis dans la huitaine pouvait réparer, la justice et l'humanité sont également révoltés de la conduite qu'on tient à mon égard et de la prolongation de ma captivité...

Un extrait ne peut contenir les immenses détails nécessaires pour prononcer la perfidie des calomnies dont quelques représentants ont été les organes innocentes : mais voici ce que je prouverai : que le gouvernement d'alors m'a voulu sacrifier en m'envoyant malgré moi commander dans la Vendée ... qu'après la bataille où l'impudence a proclamé en tous lieu la fin de la guerre, il existait encore une armée formidable de brigands; que le 29 frimaire lorsque plusieurs furent se rendre à Angers et à Nantes je proposai au Comité de Salut Public la grâce de tous ces hommes, leur renvoi dans leur campagne et l'amnistie telle qu'elle vient d'être accordée, et dans un temps bien plus convenable, que la seule réponse du Comité fut des menaces de mort si je ne marchais pas sur le champ pour tout exterminer; que j'exigeai des ordres des Représentants ou des instructions des Comités qui me furent également refusés, que pendant ce temps, on fusilla à Angers et à Nantes par ordre des comités révolutionnaires tous les prisonniers, que forcé de faire avec le reste des brigands une guerre à mort, je ne donnai cependant d'autres ordres, que ceux qui résultaient du Décret du 1er Août relatif aux mesures à adopter pour terminer cette guerre; c'est à dire enlèvement des subsistances, fourrages, évacuation libre et protégée de toutes les femmes, enfants et vieillards sur les derrières; mais incendie de tout ce qui pouvait servir de repaire AUX REBELLES et fusillade de tous ceux qu'on pourrait rencontrer.

Je prouverai que jamais je n'ai trompé le Comité sur l'état de la Vendée et qu'on proclamait à la tribune le contraire de ce qu'il mandait. J'ai pu faire parvenir des récits d'avantages exagérés dans des affaires, mais les généraux inférieurs l'attestant, je ne pouvait refuser à en être l'organe; au surplus le Comité, les Représentants du Peuple lors de mon commandement n'ont jamais donné de plan pour terminer la guerre; les seules mesures qu'ils prenaient étaient de me donner l'ordre d'exterminer les brigands sous un court délai fixé, sous peine de mort; l'échafaud t'attend me disait-on si la Vendée se prolonge encore, l'échafaud, encore l'échafaud et toujours l'échafaud !!!

Je prouverai que sans l'extrême clarté que j'ai mis dans ma conduite, j'eus fini par y être traîné par des hommes indignés de me voir si peu propre à seconder leurs infâmes projets. Je prouvera que lorsque Robespierre ou ses m'eurent fait partir de la Vendée, les brigands n'avaient plus de ressources, ni de consistance politique, que l'inertie de ceux qui m'ont succédé leur a donné de l'importance qui a fini par les conduire à traiter avec la République...

Ma conduite ainsi justifiée quant aux opérations en grand qui se sont faites dans la Vendée, les ordres que j'ai donné, calqués sur les principes les plus purs et la stricte nécessité étant connus; toutes les horreurs de détails dont une foule de pamphlets ont sali leurs pages mercenaires cesseront de peser sur ma tête. J'ai défendu les crimes, je les ai prévenus de tout mon pouvoir, j'en ai fait punir quelques auteurs; c'est assez prouver combien il répugnait à mon cœur de verser un sang inutile ... Mille autres accusations telle que celle d'avoir voulu faire brûler les Sables d'Olonne, passer les habitants au fil de la baïonnette, etc, etc, tomberont d'elle-même... Elles n'ont pu être inventées que par des imbéciles qui ne savent pas que les Sables, par exemple, est le poste le plus important du pays et qu'un fou seul pourrait en rêver la destruction...

Mais qu'on me rende mes papiers, qu'on en fasse auparavant l'examen, et le rapport qui en résultera achèvera bientôt de dissiper ce vernis d'atrocités dont on m'a couvert sans qu'il m'ait été possible de me défendre.









Une dernière réflexion... Les brigands ont leur grâce, et les généraux qui ont dû combiner leur destruction gémissent dans les prisons ! Ne doivent-ils pas profiter des effets de l'indulgence nationale quoiqu'ils ne réclament et n'ont besoin que de la plus rigoureuse justice ? N'exige-t-elle pas cette justice une et éternelle; que moi, innocent et malade, je sois traité comme dernièrement les comités viennent de traiter un de mes coaccusés ?


Le général Grignon est en liberté, et moi qui depuis longtemps réclame des juges et un tribunal, je n'obtiendrais pas ma mise en jugement

Représentants je n'ai besoin ni de grâce ni de pitié, mais je demande que vous autorisiez votre comité de Salut public, à prononcer définitivement sur ma mise en liberté ou mon jugement.

Signé, TURREAU

De l'Imprimerie de la Veuve d'Ant-Jos. GORSAS, rue Neuve des Petits Champs, au coin de celle de la Loi, n° 741

Le 10 septembre 1795, un décret de le Convention Nationale décide du jugement de Turreau :

Du 23 fructidor an III, Décret portant que l'ex-général Turreau sera traduit devant le directeur du jury du district de Tours

La Convention nationale, après avoir entendu son comité de salut public sur les dénonciations portées contre l'ex-général Turreau, relativement à sa conduite dans les départements de l'Ouest pendant qu'il commandait l'armée de ce nom.
Décrète que l'ex-général Turreau sera traduit devant le directeur du jury du district de Tours, lequel procédera à son égard ainsi qu'il est réglé par la loi du 16 septembre 1791.
La commission des administrations civiles, police et tribunaux est chargée de l'exécution du présent décret.

Le 21 septembre, le décret est rapporté :

Du 4° jour complémentaire an III : Décret qui surseoit à l'exécution du décret qui traduit le général divisionnaire Tureau au tribunal criminel du département d'Indre et Loire.

Sur la motion d'un membre, la Convention nationale décrète qu'il sera sursis à l'exécution du décret du ....., qui traduit le général divisionnaire Tureau au tribunal criminel du département d'Indre et Loire, et renvoie la pétition de ce général aux comités de salut public et de sûreté générale pour en faire rapport.

La loi du 3 brumaire an IV (25 octobre 1795), prononce une amnistie générale en faveur des généraux impliqués dans les évènements de Vendée.

Si l'on se réfère à leur dossier conservé au S.H.A.T. de Vincennes et repris dans les 3ème et 4ème articles de cette série, la sanction aura duré :

- DUVAL : suspendu le 13 mai 1794 admis au traitement de réforme le 5 septembre 1798
- GRIGNON : suspendu le 16 août 1794réintégré le 25 octobre 1795
- BOUCRET : pas de sanction
- CAFFIN : pas de sanction
- BONNAIRE : suspendu le 13 juin 1795réintégré le 25 octobre 1795
- CORDELLIER : suspendu le 13 mai 1794suspension levée sans réintégration le 19 juillet 1795
- CROUZAT : suspenduamnistié pas de dates au dossier
admis à la solde de retraite le 16 janvier 1795
- AMEY : suspendu le 27 septembre 1794réintégré le 10 octobre 1794
- DUQUESNOY : suspendu le 14 mai 1795admis à la solde de retraite le 1 janvier 1796
- HUCHE : destitué le 4 août 1794réintégré le 30 octobre 1795


Cependant, Tureau exige de passer en jugement. Le 17 novembre 1795, le Conseil des Anciens décide de son jugement :

Au nom de la république Française

Du 26 brumaire an IV : Loi portant abrogation des décrets du 23 fructidor et du 4° jour complémentaire de l'an III relatifs qu jugement de l'ex-général Turreau

Le conseil des Anciens, délibérant sur déclaration qui précède la résolution relative à l'ex-général Turreau, et considérant qu'il est instant de rétablir le cours ordinaire de la justice, reconnaît l'urgence.
Suit la teneur de la résolution :
"Le Conseil, après avoir entendu la lecture d'un message du Directoire exécutif, relatif à l'ex-général Turreau;
"Considérant qu'il est instant de rétablir le cours ordinaire de la justice envers tous les citoyens,
"Déclare qu'il y a urgence.
"Le Conseil, après avoir déclaré l'urgence, a pris la résolution suivante :
"Les décrets du 23 fructidor et du 4° jour complémentaire de l'an III relatifs au jugement de l'ex-général Turreau, sont abrogés.
"Le Directoire exécutif est chargé de faire procéder au jugement de l'ex-général Turreau, dans les formes prescrites par les lois.
"La présente résolution sera envoyée et présentée au Conseil des Anciens par un messager d'Etat
Le Conseil des Anciens approuve la résolution ci-dessus

Le Directoire exécutif ordonne que la loi du 26 Brumaire an IV, relative à la mise en jugement de l'ex-général Turreau, sera publiée, exécutée, et qu'elle sera munie, dans le jour, du sceau de la République. Fait au palais national du Directoire exécutif, le 28 Brumaire, an IV de la République française, une et indivisible.

Le Conseil Militaire se réunit le 19 décembre 1795. C'est Bonaparte, Général en Chef de l'Armée de Paris qui aurait dû le présider mais il se dérobe et c'est son adjoint Berruyer qui préside.

Il semble que les minutes du procès aient été détruites durant la période du Directoire.

On connaît quand même la conclusion du Conseil :

"Vu les pièces produites au procès, notamment l'interrogatoire subit par le dit ex-général Turreau; ensemble le décret de la Convention Nationale du 1er août 1793 vieux style, les différents ordres donnés pour l'exécution du dit décret ainsi que les arrêtés du Comité de Salut Public et des Représentants du Peuple près l'Armée de l'Ouest relatifs au même objet
Le Conseil Militaire déclare à l'unanimité toutes les inculpations dirigées contre Louis Marie Turreau non fondées et calomnieuses, que le dit général a dignement rempli ses fonctions comme homme de guerre et comme citoyen

Turreau continuera sa carrière militaire jusqu'à sa mise à la retraite le 14 juin 1815. Napoléon le nommera Ministre Plénipotentiaire de France auprès du Congrès des Etats Unis d'Amérique du 8 décembre 1803 au 5 octobre 1810.

La carrière "vendéenne" de Turreau n'aura duré que 2 mois comme général de brigade (30/7 - 18/9/1793) et 7 mois comme général de division, général en chef de l'armée de l'Ouest (4/11/1793 - 13/5/1794) soit au total moins d'un an ! Il sera resté en "arrestation" 15 mois (30/9/1794 - 19/12/1795) soit plus d'un an !