de Cholet le 12 pluviose an II (31 janvier 1794)
Le Général en Chef TURREAU au Ministre de la Guerre

Les généraux chargés de conduire les diverses colonnes ont assez bien secondé mes intentions; elles ont passé au fil de la baïonnette tous les rebelles épars qui n'attendaient qu'un nouveau signal de rébellion.... On a incendié métairies, villages, bourgs; tous ces endroits étaient remplis de pain qu'on paraissait cuire à l'avance pour substanter à son passage l'armée catholique. On ne peut concevoir l'immensité de grains et de fourrages qu'on a trouvés dans les métairies ou cachés dans les bois. J'ai donné les ordres les plus précis pour que tout soit enlevé de ce maudit pays et porté dans les magasins de la République. Il en est parti ce matin pour Saumur un convoi tenant prés de deux lieues de long, et je puis vous attester avec vérité que les ressources qu'offrent les découvertes que font journellement mes colonnes sont incalculables; elles seraient encore plus considérables si les préposés aux subsistances et les commissaires des districts avaient mis plus d'activité dans leurs opérations.

Je continue à cerner le reste des rebelles aux ordres de Charette. La Rochejaquelein et Stofflet avec une poignée de coquins ont filé entre deux de mes colonnes il y a quelques jours; ils ont rôdé sur mes derrières, interrompu mes communications et sont rentrés dit-on dans la ligne.....

Les renseignements que j'ai pris n'ont fait que confirmer l'opinion que j'avais sur la guerre de la Vendée. Je me suis convaincu qu'elle n'était point finie et qu'il fallait encore de grandes mesures pour la terminer.

Haxo vient à ma rencontre sur plusieurs colonnes; il connaît mes dispositions, les seconde parfaitement et j'ai lieu d'espérer que tous les corps de rebelles seront dissous encore plus par l'impossibilité de subsister que par la force des armes.

Je commence à réunir une très grande quantité d'argenterie et je me dispose à vous l'adresser avec la liste des officiers qui m'ont remis généreusement ces divers objets.

On assure que Charette est plus blessé que l'on ne pensait.

J'écris au Comité de Salut Public, je luis dis la vérité sur l'état de ce pays, il apprendra pour la première fois la Vérité toute nue.

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