Action de Louis GRIGNON et de Jean Baptiste LACHENAY

Ils commandent la 2ème colonne qui doit "ratisser" selon un axe est-ouest le sud des Mauges Angevines. Grignon est un de ceux qui rend le plus régulièrement compte de ses activités et qui donne le plus de "détails".

carte du tracé de la colonne n° 2

Dès le 19 janvier, sans attendre l'ordre de marche il commence la besogne à Saint Clémentin, La Couldre, Sanzay.

Le 21 janvier, à Argenton Château, il harangue sa troupe : "Camarades, nous entrons dans le pays insurgé. Je vous donne l'ordre de livrer aux flammes tout ce qui sera susceptible d'être brûlé et de passer au fil de la baïonnette tout ce que vous rencontrerez d'habitants sur votre passage. Je sais qu'il peut y avoir quelques patriotes dans ce pays; c'est égal, nous devons tout sacrifier."

Le 22 janvier, après une incursion à Etusson (incendie et massacre : 22 noms connus), il ravage Voultegon. Il visite ensuite Saint Aubin du Plain et rend compte : "J'ai fait brûler quantité de métairies et surtout dans le bourg de Saint Aubin du Plain où j'ai trouvé dans l'église un drapeau noir et blanc. Les hommes et les femmes qui s'y sont trouvé, tous ont été passés au fil de la baïonnette." (79 personnes d'après la tradition). En soirée il arrive à Bressuire

Le 23, il écrit à Turreau : " Je me trouve embarrassé dans la marche que je dois tenir. Les corps administratifs ont donné aux municipalités des environs l'ordre de rester à leur poste, et d'aller en écharpe au devant de la troupe. Il n'en est pas moins vrai que les trois-quart des officiers municipaux sont aussi coupables que ceux qui ont porté les armes contre nous; tu vas en juger : les officiers municipaux de Saint Aubin du Plain vinrent hier au devant de nous avec leurs écharpes; il n'en est pas moins vrai qu'ils avaient dans leur clocher deux drapeaux, l'un aux trois couleurs, et l'autre noir et blanc, signe de rébellion. .... L'ordre général que j'ai n'exclut personne; je te demande ton avis, et que tu me donnes des ordres positifs à ce sujet..." Il s'agissait en fait d'un ornement d'autel utilisé lors des enterrements.

Le 24 janvier, à Bressuire il informe Turreau qu'il a tellement bien respecté ses ordres que ses hommes ont cassé leurs armes en tuant femmes, vieillards et enfants. Il préférerait les tuer à coup de fusil, ce serait plus tôt fait. Il divise sa colonne en deux. Une section qu'il commande part vers Cerizay, l'autre qu'il confie à Lachenay va vers Montigny. Pour cette journée, il estime avoir massacrer 300 personnes.

Le 25 janvier, ses sections écument les environs de Cerizay et de Montigny avec l'ordre de tuer et d'incendier et "de ne faire grâce à qui que ce soit". Il écrit à Turreau : "Cela va bien; nous en tuons plus de cent par jour, enfin ceux que nous croyons nos ennemis".

Le 26 janvier, il écrit à Turreau "La journée d'hier a coûté la vie à peut-être trois cents rebelles; de ce nombre se trouve un chevalier de Saint Louis .... Je te fais passer sa décoration. ....... Il y a des citoyens qui se sont formés en gardes nationales, même soldées; faut-il les désarmer ? J'attends tes ordres à ce sujet." Sa 1° section va de Cerizay à La Pommeraie sur Sèvre, et la 2° après avoir incendié Saint André sur Sèvre, campe à Saint Mesmin dont Lachenay prévient le maire : le lendemain il incendiera le village et exécutera tous les habitants.

Le 27 janvier, la 1° section gagne Chateaumur où il fait sabrer sous les yeux du maire une dizaine d'hommes, le soir il arrive à La Flocelière. Lachenay de son côté, après avoir incendié et massacré à Saint Mesmin gagne Pouzauges en poursuivant sa besogne tout au long de sa route. Il écrit : "... j'ai brûlé et cassé la tête à l'ordinaire. ... Me voilà rendu au lieu de ma destination; j'attends tes ordres pour les mettre à exécution."

La "promenade militaire" est terminée, Grignon et Lachenay poursuivent leurs opérations, Turreau n'ayant donné aucun ordre contraire.

Le 28 janvier, les deux sections incendient et massacrent respectivement autour de La Flocellière et de Pouzauges.

Le 29 janvier, il se rend au Boupère, mais devant la fermeté du maire, les 150 gardes nationaux en armes et les 600 habitants, il n'ose ordonner massacre et incendie. Lachenay de son côté se rend à La Meilleraie-Tillay et regagne Pouzauges les soir après avoir incendié et massacré.

Le 30 janvier, il rejoint Lachenay à Pouzauges. Après le repas, ils se font amener une trentaine de prisonnières. Eux et leurs officiers d'état major les violent puis les font fusiller. Ils appellent cela "prendre le café de Cythère". Le soir Lachenay incendie Pouzauges.

31 janvier, sur ordre de Turreau, il quitte La Flocellière pour les Herbiers, sa colonne divisée en plusieurs partie au village de l'Epaud, écume les environs vers Saint Paul en Pareds, vers Saint Michel Mont Mercure, etc ... Un témoin raconte : "On suivait la colonne autant à la trace des cadavres qu'elle avait faite, qu'à la lueur des feux qu'elle avait allumés." Le soir sa troupe fraternise aux Herbiers avec celle d'Amey. Il campe à Saint Fulgent. La section de Lachenay quitte Pouzauges, passe au Boupère (incendies, 200 personnes massacrées) traverse Rochetrejoux qu'il incendie, épargne Mouchamp et arrive au Parc Soubise. Il incendie le château et fait fusiller les 200 prisonniers qu'il a fait dans la journée. Il poursuit sa route vers Les Essarts.

Le 1 février, Il reste à Saint Fulgent. Lachenay arrive aux Essarts.

Le 2 février, Lachenay écume les environs des Essarts puis sur ordre de Grignon fait une incursion à Chauché. Sur ordre de Dutruy, les deux colonnes attaquent Charette dans les environs de Chauché. Elles sont mises en déroute et fuient vers Les Essarts. Prévignaud resté aux Essarts, craignant d'être attaqué se replie sur Saint Vincent Sterlanges sans aider Grignon et Lachenay.

Le 3 février, sur ordre de Turreau il quitte Saint Fulgent pour Puybelliard

Le 5 février, il est à Puybelliard tandis que Lachenay stationne à Chantonnay.

Le 8 février, le Général Bard, malade lui donne le commandement du poste de Chantonnay.

Le 2 mars, il quitte ses cantonnements de Puybelliard et prend la route de Cholet. Il passe aux Quatre Chemins de l'Oie et campe au Mont des Allouettes.

Le 4 mars, il porte secours à Lusignan attaqué par Stofflet aux environs de Vezins.

Le 6 mars il poursuit un parti vendéen dans la région de Vezins.

Le 9 mars, il accroche les "brigands" à Chanteloup.

Le 10 mars, il arrive à Argenton Château, incendies et massacres marquent sa route. Il poursuit sa besogne à Bressuire qu'il incendie et dans les environs : Etusson, Saint Maurice la Fougereuse, Moutiers sous Argenton, Saint Clémentin.

Le 18 mars, il attaque un parti de vendéens au fief des Moulières près de Saint Aubin de Baubigné, totalement battu, il se réfugie à Argenton Chateau.

Le 21 mars, il quitte Argenton pour Somloire et La Plaine.

Le 24 mars, après avoir accroché les bandes de Stofflet, il bivouaque entre Coron et Vihiers.

Le 31 mars, après avoir passé 3 jours à Cholet, il gagne Montaigu

Le 7 avril, à Gonnord, il découvre une vingtaine de boulangers travaillant pour les "brigands" : incendie et massacre.

Le 8 avril, poursuivant des vendéens qui ont franchi le Layon, il arrive à Saint Lambert du Lattay où il massacre "quantité d'hommes et de femmes" et qu'il incendie.

Le 4 mai, il porte secours aux patriotes de Nueil sous Passavant attaqués par les soldats de Stofflet.

Après la destitution de Turreau, il continue à écumer la même zone jusqu'à sa suspension le 29 thermidor an 2 (16/8/1794).

Le 9 vendémiaire an 3 (30/9/1794) un décret de la Convention le met en état d'arrestation.

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